• Alors ?

  • Alors ?... Ou bien Latour se paie ma tête, ou bien, s'il dit vrai, il y a un citoyen qui s'apprête à nous jouer un drôle de numéro ! Mais, sacrebleu, le père Vaillant n'a pas dit son dernier mot !... Une "voiture fantôme" ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fous !... Nous ne sommes plus au temps des châteaux hantés !... Ah mais ! On va bien voir !...




À Grande Vitesse face à Fantômas !



« Le pilote sans visage », deuxième tome de la série "Michel Vaillant", qui trouve sa première publication en format album en 1960 chez Le Lombard, propose un subtil mélange d'ingrédients tels que l'action, les rebondissements, le drame, la tension et le mystère. L'intrigue tourne autour de Michel Vaillant alors qu'il se prépare pour le Grand Prix de Monaco, tandis qu'un pilote énigmatique, surnommé "le pilote sans visage", émerge sur les circuits, suscitant à la fois admiration et appréhension. L'histoire gagne en complexité à mesure qu'elle se déroule, mettant en place une compétition où l'identité secrète du pilote devient centrale. L'introduction de ce mystérieux pilote qui défi Michel Vaillant ajoute une dose d'excitation au récit, créant un suspense intense dans une trame riche en action. Le suspense est savamment entretenu autour de l'identité du pilote masqué. Alors même que je croyais avoir anticipé sa révélation, avec l'introduction d'un personnage qui semblait être le choix évident pour se cacher derrière le casque énigmatique, l'auteur, Jean Graton, prend une direction inattendue pour surprendre le lecteur. Cette construction astucieuse compense habilement l'aspect peu plausible d'un pilote qui peut se mêler librement aux circuits professionnels.


En plus de l'intrigue principale, l'auteur fait preuve d'audace en incorporant un élément saisissant, à savoir l'inclusion de la guerre froide à travers la confrontation avec les pilotes russes "Nicolas Narkine" et "Yvan Nassiev" lors du grand prix de Monaco. Cet ajout confère une dimension politique fascinante à l'histoire, offrant ainsi un cadre plus vaste et authentique. Cela démontre la capacité de Jean Graton à intégrer des éléments historiques et sociaux dans son récit axé sur les courses automobiles. Par ailleurs, le personnage de Steve Warson, désormais ami de Michel, entre en scène en Europe pour rivaliser avec les pilotes russes qui font leurs débuts dans la course automobile avec les nouvelles et puissantes Zvezdas, qu'ils vont confronter aux impuissantes Vaillantes, jusqu'à l'arrivée des nouveaux modèles, comprenant "Vaillante-Horizon". Ainsi on retrouve une nouvelle confrontation entre les cheeseburgers et les bortschs qui ajoute une dimension de tension géopolitique et d'enjeux internationaux à l'intrigue, auxquels se joint cette fois-ci la France. Un léger trait d'humour vient adoucir l'ambiance et équilibrer l'intensité des courses et des affrontements. Malgré le caractère palpitant des courses, leur tension et leur ampleur sont moins prononcées par rapport au premier tome, ce qui peut être décevant, notamment lors de la course ultime à Monza, qui, malheureusement, est abordée trop rapidement.



Moi ?... Piloter une Vaillante ? O.K !



L'approfondissement plus poussé des liens familiaux au sein des Vaillant se révèle comme un aspect saillant de cette trame, apportant une nuance d'humanité et de réalisme supplémentaire. Cette mise en exercice démontre que, même au sein d'une famille en surface impeccable sur la scène publique, des dissensions et des désaccords peuvent surgir en privé, en dépit des éléments bourgeois et du confort qui les entourent. Cette approche consolide l'identité des personnages et les dotes d'une dimension plus approfondie. Michel Vaillant ressent de l'amertume envers son frère Jean-Pierre, qu'il tient pour responsable de ses échecs face au pilote masqué, plutôt que de reconnaître sa propre impuissance. Cette vulnérabilité apporte une dimension humaine à Michel Vaillant, le rendant plus accessible et réaliste en tant que personnage susceptible d'échouer, de s'emporter et de faire preuve d'immaturité. En outre, il est captivant d'observer l'évolution de certaines relations qui ont été établies dès le premier tome, notamment celle entre Jean-Pierre Vaillant et Agnès de Chanzy, devenues à présent une Vaillant suite à leur mariage. Enfin, il convient de noter que la famille Vaillant s'agrandit une fois de plus avec le retour de Steve Warson, qui rejoint l'écurie Vaillant pour affronter les pilotes russes. Cette décision ajoute un élément supplémentaire à l'intrigue, renforçant les enjeux et les dynamiques de la compétition.


D'un point de vue artistique, Jean Graton offre à nouveau un style de dessin soigné qui peut paraître légèrement daté, mais qui utilise des traits suffisamment réalistes pour maintenir une narration efficace. Cette approche graphique met en scène de manière spectaculaire l'intensité des parcours, en utilisant une variété d'angles de vue pour capturer l'action. Les personnages sont représentés avec succès et leurs traits sont bien réalisés. Cependant, les décors restent discrets comme dans le tome précédent, bien qu'il serait appréciable d'apporter davantage de précision à certains moments. Seule la résidence secondaire somptueuse et luxueuse de la famille, nichée dans la localité de Roquebrune sur la Côte d'Azur, et conçue selon les schémas de l'architecte français "Henri-Jean Calsat", présente une proposition séduisante. Un aspect problématique réside dans la colorisation, qui peut parfois sembler approximative avec des couleurs trop vives ou trop sombres. Graton ne ménage pas ses efforts en ce qui concerne les dialogues, qui sont souvent longs mais judicieusement remplis d'informations pertinentes. De plus, une narration en voix off joue un rôle important tout au long de l'histoire, ajoutant une couche supplémentaire de profondeur au récit. Il est évident que l'auteur cherche à offrir une expérience enrichissante.



CONCLUSION :



« Le pilote sans visage », deuxième tome de la série "Michel Vaillant", réussit à combiner plusieurs éléments d'intérêt, passant de l'action à la découverte des questions familiales et en jouant avec des enjeux politiques de l'époque. La méthode d'approche adoptée par Jean Graton en tant que scénariste et illustrateur carresse dans le sens du poil les passionnés de voitures et de sport automobile, grâce à ses descriptions minutieuses des pistes et des véhicules, ainsi qu'à ses hommages aux pilotes véritables. Et, malgré quelques raccourcis, ce tome demeure un récit captivant et harmonieusement dosé dans sa capacité à divertir et à immerger les lecteurs dans l'univers de la course automobile.


Une suite légèrement défaillante en comparaison du premier tome qui néanmoins conserve sa qualité.



Nous nous retrouverons la saison prochaine !


B_Jérémy
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le 30 août 2023

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