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Merci à jéjé fait son bagou, dont la critique m'a donné envie d'apporter ma contribution à la connaissance cette BD publié en 68 et qui à sa manière illustre l'évolution du shéma héroïque qui s'opère au tournant des années 60 / 70.


Éléments de critique externe :
Comme pour l'épisode des aventures de Buck Danny « Patrouille à l'aube » (1954-55), le scénario reprend le thème du sous marin nazi, porteur d'un trésor, évadé de l'Allemagne nazi en 1945. Un livre de souvenir comme celui du Cdt Heinz Schaeffer L'odyssée d'un sous marin allemand paru en français en 1952 (Julliard) et réédité en 1962 et 1968 par J'ai Lu, à pu servir de base au scénario.


Éléments d'analyses :


Bruno Brazil est une série intermédiaire elle emprunte au style des série aviation type « Buck Danny » ou « Tanguy et Laverdure » mais cherche à s'en démarquer en même temps. Le héros possède la plupart des caractéristiques du héros classique il n'est pas pour autant un preux chevalier, il fait preuve d'un certain cynisme vis à vis de son travail et de sa hiérarchie, il possède un indéniable charme vis à vis de la gente féminine. L'influence de James Bond est indéniable, mais comme son modèle B.B reste pour l'essentiel fidèle aux valeurs du héros classique il est loyal à ses amis, accompli fidèlement sa mission même si celle ci est passablement absurde.


Trésor & sous marin :


« Le requin qui mourut deux fois » s'appuie sur le mythe du trésor englouti (tel qu'il apparaît notament dans « Le trésor de Rakham le Rouge ») réactivé par le fantasme du sous marin allemand s'échappant de l'Allemagne en ruine en 1945. C'est un mythe fréquent qui fut utilisé par JM Charlier pour un épisode de Buck Danny (« Patrouille à l'aube » 1954-55), qui se fonde sur la crainte  d'une réémergence du nazisme via le territoire refuge de l'Amérique du sud. Basée sur une certaine réalité comme le montre le cas du sous marin U 977 (mémoire de son commandant de bord coll « J'ai lu ») et surtout la disparition de certains dignitaires nazi en Amérique du sud. Le refuge d'anciens nazi génèrent tout une série d'oeuvres (ex : « L'homme aux yeux glauques » Henri Verne (Bob Moranne).
Symboliquement le sous marin incarne phantasmes et terreurs né de l'angoisse des profondeurs (cf : fiche transport paquebot et avion). Il n'est pas anodin de remarquer que le sous marin est fréquemment l'attribut des méchants.

– Lady X troque l'avion pour le sous marin (« Un prototype a disparu », « Ghost Queen »).
– Hergé « Coke en stock »


Le trésor n'est pas non plus une référence innocente :

Psychologiquement il renvoie aux interdits de l'enfance.
– Le coffre à bijoux interdit aux enfants que les parents garde dans leur chambre.
– Les bijoux s'assimilent aux parents ils servent à parer la mère et peuvent personnifier l'union des parent le bijoux est offert par le père à la mère dans un rite de séduction l'alliance concrétise l'union du père et de la mère. Le terme « bijoux de famille » peut désigner familièrement les organes génitaux du père.
– Dans l'inconscient enfantin l'argent renvoie aux excréments vis à vis duquel on éprouve des sentiments antagoniste d'attirance et de répulsion . L'intérêt pour les bijoux et l'argent correspond à une sublimation de l'intérêt pour les matières fécales .
L'or et les bijoux auquel renvoie le trésor engloutit est donc à la fois objet de désir et d'exécration.


On perçoit un jeu d'association de références à plusieurs niveaux tel que :
– Rejet des excréments / souvenir du nazisme.


Le trésor engloutit correspond également à un arrêt du temps, partir à la chasse au trésor revient à se livrer à une exploration du passé pour au final rétablir un écoulement temporel interrompu.


On constate une fois de plus l'utilisation de standards dramatiques hérités de la littérature populaire du début du XX° siècle (on peut penser à Jules Verne). En l'occurrence dans la culture populaire de la 2° moitié du XX° siècle s'appui sur le souvenir de la terreur des U Boot durant la 2° WW.


Dédramatisation et remise en question.


L'album est représentatif à la fois de son époque de publication et de l'œuvre de Greg qui semblent s'attacher à revenir sur un certains nombre de représentations.


Il n'est pas anodin que le trésor nazi recherché se révèle finalement imaginaire.
– Au niveau psychologique la non-réalité du fantasme amène le lecteur après avoir extériorisé ses angoisses, a les surmonter en en identifiant sa dimension imaginaire et fantasmatique.
– L'album agit aussi comme une remise en cause du schéma dramatique précédemment établi, il s'agit d'une remise en cause de l'association entre fonction initiatique et fonction moralisatrice de la BD.
– On perçoit le fonctionnement de l'œuvre de Greg qui opère un constant retournement du discours des séries à l'intérieur des formes narratives.


Un des intérêt de l'album réside dans le fait que la chasse au trésor englouti nazi se révèle totalement imaginaire (c'est juste une escroquerie de la part d'un ancien nazi). L'album souffre de cette ambigüité dans le sens qu'il ne choisi pas vraiment entre l'utilisation du mythe comme moteur d'intrigue et une dénonciation par l'absurde du principe de la fiction héroïque.
JLP_2
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le 25 févr. 2022

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