J'avais entendu tant de bien du run de Bendis. Aux dires de tous il s'agissait du chef d'oeuvre moderne de DD, qu'il égalait presque le travail de Miller. J'en attendais trop assurément. Et si j'ai effectivement trouvé ce premier tome excellent, je n'ai pas eu ce pincement au cœur que la découverte des aventures de mon héros préféré m'avait fait pour d'autres périodes plus anciennes (période Gene Colan par exemple) - alors même qu'elles étaient inférieures pour certaines. D'un point de vue objectif, il est également évident que l'on n'atteint pas non plus la qualité d'un Born Again ou un Man Without Fear.


Après ce ressenti qui s'effacera surement en deuxième lecture, passons au concret et à l'histoire. Contrairement à ce que pourrait indiquer le nom de l'album, le run de Bendis ne connaît pour élément déclencheur la révélation de l'identité secrète du héros. Non, c'est la chute de son grand rival Wilson Fisk, trahi par ses lieutenants, poignardé et laissé pour mort, dépouillé de sa richesse et de son fief, qui déchaîne l'engrenage inarrêtable au cœur du travail du scénariste.


La première partie de cet album narre ainsi les événements directement liées à cette action, à ce coup d'état mafieux. Choisissant une narration temporelle confuse, variant entre les différents points de vue, restant proche du réel, Bendis fait du titre un polar choral où différents acteurs bien connus gravitent autour de la dépouille du King. C'est passionnant à suivre, des hommes de mains aux enquêteurs de police, des tueurs à gage aux grands parrains, Bendis nous plonge au cœur de la tourment à l'image du diable rouge qui subit davantage les événements qu'il n'agit - en démontre l'attentat surprise au tribunal.


Puis la querelle mafieuse lâche un secret du défunt Caïd et là où Daredevil devait subir les conséquences de la guerre entreprise par l'ambitieux Silke, Matt Murdock se retrouve à son tour en première ligne. La bombe est lâché et les histoires du démon de Hell's Kitchen en seront bouleversées pour... 15 ans.


Notre héros affronte une situation sans précédent mais choisit de se battre, de l'affronter au grand jour en justice sur son terrain de prédilection, et de continuer à vivre son existence de justicier. C'est très dur, il craque par moment, mais il ne faillit pas, se refuse de tomber à genou, de se laisser abattre. En ce début de crise, de dépression même, ses soutiens lui servent plus que jamais. Foggy est un rock sur lequel il peut compter, Natasha se la joue davantage frivole mais tient évidement très fort à lui et cherche à sa manière à le consoler (permettant au passage une apparition furtive d'Elektra, qui je pense se retrouve dans le run de Bendis écrit à la même époque).


Il reste quelques atouts conséquents à cette BD. Le dessin de Maleev, très sombre, qui dépeint la ville dans une atmosphère de Polar façon US. S'il mettra peut-être davantage de temps à s'attribuer DD pleinement, il maîtrise d'entrée Murdock à la perfection ainsi que la galerie de personnages à visage humains.


L'autre élément bluffant du comics reste la maîtrise surprise des combats par Bendis. Alors certes, il a ici un dessinateur qui sait les rendre dynamique et attrayant, mais il s'agit d'une des rares œuvres où je vois le scénariste fournir un storyboard lisible à mettre en dessin au niveau des scènes d'action. Dans ses séries d'équipe et ses multiples crossovers, Bendis suggère le combat plutôt qu'en détailler toutes les actions. Et pour DD, dans l'optique de son approche réaliste, il choisit d'aller au bout des détails jusqu'à laisser s'étendre sur des pages des affrontements mineurs. De quoi rendre viscéral la lecture des moments en question, de quoi renforcer l'impression de colère froide qui anime notre héros, la colère du démon de Hell's Kitchen.


Enfin, on ressent vraiment les dons de Daredevil, élément à mes yeux indispensable à un grand récit sur le personnage. C'est par moment mis en avant graphiquement, d'autre fois par des explications textuelles, et encore par des longues pages sans bruit, pour mieux souligner l'hypersens du héros.


Un grand récit débute avec ce premier tome et la montée en puissance se rapproche sereinement...

WeaponX
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le 24 déc. 2016

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WeaponX

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