Rodolfo Fierro a sans doute été le plus fidèle compagnon d'arme du général Pancho Villa. Tout commence en 1910, alors que Fierro sort de prison et qu'il rencontre Tomas Urbina, un des lieutenants de Villa. Très vite, l'ex-prisonnier montre sa bravoure et se révèle un tueur sans état d'âme. Devenu le bras droit du général, il va accompagner ce dernier jusqu'à sa mort en 1923. Ensemble ils vont traverser les moments les plus terribles de la révolution mexicaine. Du soutien au constitutionnaliste Carranza à l'alliance avec Zapata, cette petite quinzaine d'années sera pour eux l'occasion de vivre une aventure humaine d'une rare violence.

En adaptant le roman de James Carlos Blake, Léonard Chemineau propose une plongée au cœur d'une des plus grandes révoltes du 20ème siècle. L'indépendance du Mexique restera à jamais pavée du sang de nombreuses victimes innocentes. Impossible d'oublier que pendant cette période le pays est en plein chaos. Pillages, viols, massacres... la guerre civile laisse chacun exprimer ses plus bas instincts. Fierro joue le rôle du narrateur. Son point de vue est intéressant car il n'est pas celui d'un idéologue. Son but n'est pas de délivrer une population opprimée, il veut simplement profiter au maximum de ce mode vie sans aucune contrainte : « La révolution nous a donné des armes, les meilleurs chevaux, des bottes, des vêtements et des chapeaux texans. A manger et à boire autant que nous voulions. Elle nous a fait voir du pays, elle nous a donné de l'or et des femmes, partout... Mais surtout elle nous a donné la liberté. » La fin de l'insurrection est pour lui une mauvaise nouvelle : « Si c'est vraiment fini, ça va être le retour de la loi, du papier, des directeurs, des tribunaux, des prisons, de toute cette merde. » Ce personnage sulfureux est sans doute représentatif de la majorité des hommes s'étant engagés dans le conflit : aucune conscience politique, juste la volonté de vivre les choses à cent à l'heure. Born to be wild, en quelque sorte...

Léonard Chemineau signe ici sa première BD. Cet ingénieur spécialisé dans l'environnement et le développement durable a été repéré lors du concours Jeunes talents du festival d'Angoulême en 2009. Pour un débutant, il maîtrise déjà sacrément la narration. Beaucoup de cases en cinémascope, des scènes de bataille très dynamiques, une représentation de la violence réaliste qui ne tombe jamais dans le gratuitement gore, des couleurs chaudes qui emmènent le lecteur au cœur du désert mexicain... les qualités de son adaptation son nombreuses. Son trait élégant rappelle parfois celui de Mathieu Bonhomme (Le marquis d'Anaon, Le voyage d'Esteban). Il y a pire comme comparaison !
Finalement, le problème majeur tient dans la densité du roman original. Comment résumer autant d'événements et d'années de lutte en si peu de pages ? L'histoire de l'indépendance mexicaine défile à vitesse grand V et il n'est pas toujours évident d'en saisir les subtilités. Pour autant, grâce à ses personnages haut en couleurs et à son intérêt historique, cet album restera pour moi une bonne pioche.
jerome60
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le 28 mars 2012

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