Pour les adeptes d'étudiants en quête d'émancipation...

Les poupoutpapillonneurs… Voilà le titre bien mystérieux du quinzième opus de la série Donjon Monsters. La couverture de l’album présente un quatuor d’enfants au profils variés à l’entrée d’une grotte peu attrayante. Le second plan semble installer l’intrigue à proximité de Cochonville, la cité des magiciens régulièrement traversée au cours des pérégrinations qui émaillent la trame du Donjon. J’ai trouvé ce premier contact visuel agréable. J’étais curieux de rencontrer ces nouveaux protagonistes et de découvrir la place qu’ils allaient occuper dans la grande toile narrative de de la saga.

Cet album est une nouvelle fois scénarisé par Joann Sfar et Lewis Trondheim. Les deux fondateurs de la série sont à l’initiative d’une série à nul autre pareil dans le neuvième art. Dans un univers qui mêle humour et fantasy, Donjon se développe sur plusieurs époques à travers l’existence d’un grand nombre de cycles qui offrent à son monde une richesse et une densité rarement atteintes. Pour réaliser cet album, les auteurs ont confié les dessins à Juanungo. Je ne pense pas avoir croisé la plume de cet illustrateur avant cet album. La première impression s’est avérée positive. La couverture laisse en effet à penser que cette lecture sera habitée par une identité graphique assez personnelle. La parution de cet ouvrage date du premier semestre de l’année dernière. Il s’agit du quarante-huitième épisode à s’inscrire dans les chroniques du Donjon.

L’intrigue s’inscrit dans un passé récent de l’époque « Donjon Zénith ». Comme supposé précédemment, l’histoire s’installe géographiquement à proximité de Cochonville. Les magiciens y ont installé leur cité protégée par des remparts. En effet, cette communauté est en conflit avec les cochons situés à proximité. La narration nous fait suivre les pas d’un petit groupe de jeunes magiciens en formation. Au cours d’une sortie scolaire leur classe croise le chemin d’un jeune cochon motivé pour être éveillé à la magie. Les événements contés dans cet album vont être le fruit de la collaboration improbable entre quatre étudiants aux aspects variés : un cochon, un oiseau, un canard et un hybride vautour-cochon. C’est en cherchant à s’émanciper des contraintes de leur ordre qu’ils vont dépasser certaines limites. Leurs « initiatives » vont avoir des conséquences certaines sur leur entourage et sur l’équilibre de la région !

Je suis rapidement tombé sous le charme du quatuor principal. La dynamique du groupe est amusante. Chacun y trouve sa place et y apporte son écot. Les dialogues sont efficaces et leurs aventures mettent en valeur le potentiel de chaque protagoniste. Cette réussite d’écriture des personnages fait que je me suis rapidement senti concerné par leur devenir. La curiosité m’a accompagné tout au long du défilement des pages. Malgré des enjeux d’une ampleur assez inquiétante, un ton léger et drôle accompagne la narration. L’humour est une nouvelle fois joliment exploité et dosé. Cela génère une lecture divertissante qui chatouille régulièrement les zygomatiques. Comme le laissait supposer la couverture, Juanungo possède un style particulier. Les premières planches peuvent nécessiter un temps d’adaptation mais sont le prélude à un agréable voyage. Par son coup de crayon le dessinateur offre une identité très personnelle à cet ouvrage. Le travail sur les couleurs est également intéressant et donne une ampleur supplémentaire à l’ensemble. Bref, vous l’aurez compris je n’ai rencontré aucune difficulté à me laisser transporter histoire. Bien au contraire, j’ai passé un moment agréable et captivant.

Pour conclure, l’intérêt initial s’est confirmé au cours de la lecture de Les poupoutpapilloneurs. Le plaisir de la découverte est constant du début à la fin. Le livre peut se lire sans maîtriser dans les moindres détails les arcanes du Donjon. Néanmoins, que les adeptes plus experts de la série se rassurent, ils savoureront les allusions à des événements passé à ou à venir et seront ravis de créer des liens avec d’autres albums. Je conseille donc la lecture de ce bouquin qui malgré tout s’adresse prioritairement aux lecteurs plutôt familiers des codes de la série. Ils y trouveront pleinement leur compte…