Jupiter’s Legacy, cela fait longtemps que l’on m’en parle, longtemps que je lis des trucs dessus. Mais je n’ai jamais réussi à me lancer dedans. Je ne suis pas un inconditionnel de Mark Millar. Loin de là ! S’il fait des choses excellentes, incroyables à lire, il fait aussi des trucs assez banal et ennuyeux… Mais après la découverte de The Magic Order, que j’ai vraiment apprécié, j’ai décidé de me lancer dans Jupiter’s Legacy !


Chloé et Brandon sont les enfants des plus grands super-héros de la planète. Mais le costume n’est-il pas trop grand pour eux ?
Autrefois, le but ultime des super-héros était clair : assurer le bien de la communauté. Mais le monde a changé. Et face aux nouvelles crises qui le menacent, les héros semblent désormais impuissants. Heureusement, certaines valeurs ne meurent pas si facilement…
Découvrez l’intrigante interprétation du mythe super-héroïque par Mark Millar (Kick-Ass, Ultimates, Kingsman : Services Secrets) et Frank Quitely (All-Star Superman, We3, X-Men).
(Contient les épisodes #1 à 5)


Je vais commencer par les dessins. Si je ne suis pas fan de Mark Millar, en revanche je le suis de Frank Quitely ! L’artiste écossais est juste incroyable. Loin de rechercher la perfection idyllique, utopique et tellement loin de la réalité comme le fond de nombreux artistes (Jim Lee, David Finch, Jason Fabok…), Frank Quitely a une approche plus réaliste et plus artistique dans ses dessins. Les personnages ne sont pas tous beaux, ne sont pas tous avec une profusion de muscles ou les formes pulpeuses d’une actrice porno. Non, les personnages ne sont pas parfait, ils sont tous différents, ils sont comme vous et moi.


Des personnages auxquels on peut s’attacher et qui se démarquent, nous marquent de par leur singularité. De plus, Frank Quitely nous propose des planches, tout comme ses personnages, d’une grande richesse dans les détails. C’est toujours du grand spectacle d’admirer les dessins de ce dessinateur.


Chloé et Brandon sont les enfants d’Utopian et Lady Liberty, les plus grands super-héros de notre monde ! Ceux qui ont changé le monde ! Et comme de nombreux autres jeunes de leur âge, ils ont des pouvoirs, mais dans un monde, proche du notre, lui ressemblant, les jeunes sont blasés, tout le monde (enfin la grande majorité bruyante) se moque des autres. Et alors que les menaces sont toujours là, ce sont toujours les anciens super-héros qui continuent de se battre !


Chloé n’est qu’une camée qui court après la célébrité et les caméras ne se rendant pas compte qu’elle se ridiculise en étant toujours shootée et habillée comme une actrice de films pour adultes, ou déshabillée… Quand à Brandon, il est en perpétuel confrontation avec son père. Il n’adhère pas à son « délire » de super-héros ! Sou couvert de crier que son père ne lui fait pas confiance, ne lui laisse aucune marge de manœuvre, ni la moindre place pour exister, il est surtout jaloux de tout ce que peut représenter son père !


Utopian porte son nom à merveille ! Il a tous les pouvoirs, c’est un monstre de puissance et de charisme ! Et alors que le monde a évolué, pas forcément en bien, il est persuadé que l’on peut régler tous les problèmes actuels comme ceux de 1930, lorsqu’il a eu, avec ses proches, leurs pouvoirs. Mais le problème, c’est que ce qu’il pense, c’est ce qu’il ordonne ! Ses proches, les autres super-héros de son époque, comme son frère, doivent faire ce qu’il dit, toute prise d’initiative est interdite.


Mais après des décennies d’actes héroïques, et de « dictature », la révolte gronde, le propre frère d’Utopian, Walter, ayant des pouvoirs télépathiques plus qu’incroyables, en a plus qu’assez des ordres dépassés et aboyés par son frère. Mais il n’est pas assez puissant pour s’opposer seul à Utopian ! S’ils sont plusieurs à désirer la même chose, Walter sait qu’il a besoin de quelqu’un capable de faire taire Utopian ! Le candidat idéal n’est pas compliqué à trouver, et le convaincre, avec les pouvoirs de Walter, encore moins !


Avec ce récit, Mark Millar aborde un sujet que j’affectionne particulièrement, que se passerait-il si les super-héros, censés nous protéger, finissait par vouloir le pouvoir, sans se soucier des pauvres êtres-humains que nous sommes ! C’est effrayant mais également fascinant ! Nous avons déjà du mal à nous opposer à des ordures sans pouvoir, alors lorsqu’ils sont capables de voler ou de contrôler nos esprits ! Mais c’est dans ces moments-là que des héros, que l’on imaginait pas, se réveillent, se mettent dans la lumière !


Et tout cela prend une saveur encore plus particulière en plongeant son récit au cœur d’une famille dysfonctionnelle ! Si leurs problèmes sont multipliés par leurs pouvoirs, on se retrouve au cœur de n’importe quelle famille possible ! La vôtre, la mienne. Et l’on ne peut qu’être effrayé par ce que les ressentiments, les non-dits peuvent provoquer au cœur même de ce qui est censé le plus solide et le plus unique au monde, une famille.


Ce n’est pas parce qu’on est un super-héros que l’on est sans faille ! Super-slip ne veut pas dire monsieur, ou madame, parfait ! Et bien souvent, c’est en cherchant la perfection que l’on provoque le chaos !


Bref, Mark Millar m’a littéralement emporté avec ce récit ! Certes il n’est pas fini, mais je suis conquis ! Totalement conquis ! C’est une pure réussite, un chef-d’œuvre ! Famille dysfonctionnelle, super-héros qui partent en vrille, une violence graphique incroyable, on ne peut que se faire emporter par ce récit.

Romain_Bouvet
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le 3 mars 2020

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Romain Bouvet

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