C'est une agréable surprise que ce manga. Si les premiers tomes ne laissaient pas augurer quelque chose d'extraordinaire, à savoir au mieux un shonen à la sauce orientale à base de djiins et de chasses aux trésors, l'univers devient si vite riche et cohérent que même que les personnages deviennent attachants et profonds au fil des tomes.


La première source d'inspiration est évidente: les Mille et une Nuits bien évidemment, d'ailleurs la plupart des noms des lieux et personnages (Aladdin, Shahérarazade, Alibaba, Sinbad) en proviennent directement.L'histoire de Magi est en partie inspirée des fameux contes & légendes des mille et une nuits.


Dans le monde de Magi, d'étranges lieux appelés "Labyrinth" ont commencé à apparaître de manière totalement aléatoire 14 ans avant le début de l'histoire. A l'intérieur ? Des montagnes de richesses, mais aussi d'horribles pièges et dangers. Cependant, dès qu'une personne est arrivée au bout du Labyrinth, celui-ci disparaît, laissant ses trésors à celui qui l'a vaincu. Aladdin, le personnage principal, est un enfant tout ce qu'il y a de plus inoffensif... du moins, en apparence ! En effet, la flute qu'il porte autour du cou est la demeure d'un puissant djinn du nom de Hugo.Un jour, le duo va faire la connaissance d'Ali Baba, dont le rêve est d'entrer dans un Labyrinth, en quête de richesse et de gloire ! Avec l'aide d'Aladdin, son rêve lui semble être à portée de main.Mais Ali Baba ne se rend pas compte qu'avec Aladin, son aventure ira bien plus loin.


Ensuite l'intrigue s"enclenche progressivement, ce résumé ne représentant que les 2 premiers tomes de la série. Ce que nous découvririons ensuite c'est un monde sans en proie à l'injustice, où l'esclavage des uns permet la sérénité et la stabilité économique des autres. De même qu'on en apprendra plus sur Aladdin sur sa mission en tant que Magi à savoir trouver un humain digne d'être un roi de ce monde, et en parallèle les sombres dessins d'une étrange organisation nihiliste dénommée Al Tharmen dont on ne découvrira les intentions que tardivement.


Qu'on se le dise, on reste dans du shonen classique, ce qui veut dire que l'on échappe bien sur pas aux éternels discours sur l'amitié, certains passages peuvent bien entendu paraître niais de même que certaines résolutions peuvent sembler téléphonées et capillotractées. Pourtant, l'univers garde sa cohérence de bout en bout, je dirais même qu'il est passionnant de voir entre chaque arc ou parfois des mois voire des années s'écoulent, l'évolution des personnages, leurs rapports entre eux, la montée de la puissance des protagonistes principaux, et aussi plus surprenants comment certains personnages se marient, deviennent parents, à l'opposé même de ce qu'ils étaient il y a quelques tomes encore. Mais l'aspect géopolitique de ce monde et la rivalité sans cesse croissante entre les empires Kou, Sindra et Laem, n'est pas à négliger dans la richesse de l'univers car malgré un calme diplomatique apparent chacune des nations demeure sans cesse dans la méfiance les unes des autres et l'ombre de la guerre ne demeure jamais très loin.


Finalement, Magi est un manga qui se révèle très politique et philosophique dans son contenu. Quand le monde est fait de rois et de reines, ce sont les plus aisés qui s'en sortent quand les plus pauvres meurent dans les rues comme des chiens galeux. Quand la paix règne, et que l'égalité est instaurée, la perte de ce sentiment de rébellion, de combativité est-il en soit une bonne chose? Est-ce qu'un monde régit par l'argent et par la compétition permanente n'est-il pas aussi cruel que n'importe que despotisme? C'est ça qui est stupéfiant dans ce manga, les enjeux changent, les personnages changent, et hormis certains personnages qui ne perdent jamais leurs objectifs de vue (comme Hakuryu Ren, Hakuen, ou Sinbad par exemple le plus charismatisme de tous), tous les personnages sont dans une quête permanente. Comment rendre le monde meilleur? Comment devenir soit même meilleur en tant qu'humain?


De bout en bout Alibaba sera l'un des personnages les plus profonds et réussis du manga. Perdu entre son héritage royal et celui qui lui vient des ghettos, il vacillera toujours entre ses forces et ses faiblesses. C'est aussi le personnage d'où viennent les situations les plus drôles dans ces moments où la mangaka cesse d'être sérieuse


Là où d'innombrables shonens, se seront perdus dans des combats interminables à base de power ups qui sortent du chapeau d'un magicien; l'auteure de Magi elle semble ne jamais perdre de vue ce qu'elle cherche à raconter à travers son manga, privilégiant souvent de longs dialogues et le développement de ses personnages à ces profusions de personnages qui servent à rien hormis commenter les combats des persos principaux comme dans n'importe quel shonen ordinaire. D'ailleurs bien que les personnages montent invariablement en puissance, ils le font lentement, et progressivement, à base d’entraînements, d'"apprentissages et même (dans le cas d'Aladdin) d'études de niveaux supérieurs, et non au sein d'un même arc où subitement les héros en difficulté inventent une technique capable de vaincre leur ennemi alors qu'il était en train de perdre. De fait ces combats ne sont pas si nombreux et surtout ne tombent pas de nulle part, surviennent généralement à la fin d'un arc en tombant quasi à chaque fois comme une étape inévitable.


Je me permet encore de saluer l’intérêt qu'a portée la mangaka pour son scénario, malgré quelques faiblesses et manques de rythmes par moments, le manga ne souffre d'aucune intrigue ou sous intrigue laissée en suspens ni d'aucune question laissée sans réponse. Si je reste un peu mitigé quand à certains choix effectués dans le dernier arc (notamment certains revirements chez certains personnages un peu bizarres) """ Alba notamment""", le tout reste finalement parfaitement ficelé et de bonne facture de bout en bout. L'apothéose de la série étant bien sur l'arc d'Alma Torran portant non seulement les problématiques de la série à son paroxysme et répondant dans la foulée à toutes les principales questions que l'on se posait encore.


Alors, certes ça reste un shonen, mais pas un des plus désagréables.

Algernon89
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le 26 avr. 2019

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