Critique de l'intégrale des 3 tomes formant la saga Metal.
J'ai longtemps défendu Scott Snyder, auteur d'un long passage sur Batman d'abord salué (avec la Cour des hiboux) puis finalement assez conspué (le robot Batman Bunny!).
Je trouvais qu'il y avait toujours de très bonnes idées dans ses récits, dans la manière de raconter ses histoires même si le côté très bavard, autosatisfait et assez roublard de l'auteur était déjà visible.
Mais là, avec ce mega event de l'année 2018, Snyder a définitivement perdu tout sens de la mesure et de l'humilité.
Avec Batman Metal, il s'agit de confronter les héros de l'univers DC à la menace la plus importante de leur histoire... rien que ça. Et pour poser ses pions, le problème est que Snyder s'en va puiser dans son propre run de Batman, reprenant de nombreuses de ses créations (la cour des hiboux) et certaines de ses scènes pour aller nous démontrer très poussivement que tout les jalons y étaient déjà posé. Ce qui n'était évidemment pas le cas. Scott Snyder se lance alors littéralement dans un cadavre exquis... mais tout seul! Si les wagons peuvent éventuellement se raccorder en certains endroits, en d'autres cela est vraiment tiré par les cheveux. Après c'est un exercice intéressant auquel se confronte l'auteur mais en tant que lecteur, nous assistons à peu à un egotrip parfois assez gênant.
Et tandis que des idées et des concepts très farfelus s'enchainent à un rythme effréné, la menace globale n'est finalement pas des plus recherchée. Puisqu'il lui faut inventer un nouveau concept, il s'en va nous inventer un univers sombre (le mot dark apparaît environ 30 fois par pages!) dans lequel notre univers est censé sombrer.
S'ensuit les sempiternels team-up inédits pseudo justifiés par l'intrigue, les versions maléfiques de nos super héros (Forever Evil a à peine quelques années pourtant...) et le tout sous des voix off ou extraits de journal intime très redondants.
Vers la fin, Snyder convoque le multivers développé par Grant Morrisson (qui se joint à l'écriture pour l'occasion) pour définitivement abandonner toute logique scénaristique et basculer dans les trips absurdes si cher à l'écossais. Le problème avec ce genre d'écriture c'est que toute résolution apparaît comme un Deus ex machina tant les concepts et les règles s'inventent au fur et à mesure du besoin des auteurs. Il est d'ailleurs assez injuste de voir le traitement respectif de ces deux auteurs pourtant si proches dans les qualités et les défauts d'écriture.
Reste évidemment de bonnes idées sur cet event qui parvint parfois à se montrer très réussi avec par exemple Batman Lost, épisode qui nous rappelle tout de même que Snyder et ses co-auteurs restent malgré tout des gens doués mais dont les ambitions demeusurées et l'ego jouent clairement en défaveur de cette histoire.
Côté graphique, l'intrigue principale est confiée à Greg Capello, sans doute mon artiste préféré donc là dessus, c'est évidemment du caviar pour moi! Il y a sinon un peu de Jim Lee, d'Andy Kubert et un passage où John Romita Jr repousse toujours les limites de la laideur !
A enchaîner avec No Justice, toujours de Scott Snyder, qui s'est dit qu'il allait une fois de plus réécrire la mythologie de l'univers DC avec de nouveaux personnage divins menaçant, vous l'avez deviné, l'univers tout entier...