(...) A la manière des sombres récits de Céline ou d’Alphonse Boudard, dont on retrouve ici le sens de l’anecdote et du détail sordide, avec cette forme si particulière d’humour noir, de rage et de désespoir entremêlés, Tardi observe la guerre par le petit bout de la lorgnette, dans tout ce qu’elle a de plus banal et de plus horrible à la fois, faisant de son père un de ces anti-héros magnifiques comme la littérature les aime tant, dessinant les champs de bataille, les soldats, les corps avec le même précision et la même noirceur que dans "C'était la guerre des tranchées" ou "Adieu Brindavoine".
Mais le plus impressionnant reste la manière avec laquelle il évoque avec une verve et une style romanesque le quotidien de son père et des prisonniers au stalag ; cette microsociété dans laquelle chacun tient un rôle bien précis et où il faut se faire une place pour survivre aux mesquineries des uns et des autres, à la violence des gardiens mais surtout à la faim, où la nourriture devient l’objet de tous les trafics et de tous les enjeux au sein du camp.
Témoigne magnifique et bouleversant de la vie d’un prisonnier de guerre, "Moi, René Tardi…" est aussi et avant tout une bande dessinée remarquablement construite, d’une grande beauté et d’une intensité dramatique remarquable. Une BD qui trouvera sa suite dans une seconde et dernière partie qui débutera à la libération du stalag en janvier 1945.
BenoitRichard
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le 30 déc. 2012

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Ben Ric

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