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6.1
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Comics de Mark Millar et Steve McNiven (2010)

Critique du fameux #3 par COMICSBLOG.fr

6 mois et demi. C'est le temps qu'il aura fallu au tandem Mark Millar/Steve McNiven pour parvenir à boucler 3 numéros de leur série "évènement" Nemesis. On savait le duo particulièrement lent depuis Civil War et Old Man Logan -les deux mini séries ont en commun d'avoir été finies dans la douleur pour Steve McNiven, au vu des dernières planches livrées dans les conclusions respectives des deux récits.Toutefois, leur lenteur n'avait d'égal que la qualité et l'ambition de leur travail, est-ce vraiment le cas avec Nemesis ?
Quid d'une série qui donne l'impression de naviguer à vue, en repoussant à chaque numéro les limites du politiquement correct, déclenchant même une attaque frontale d'une partie de ses lecteurs -une habitude chez l'Écossais !

Retour vers le futur !

Automne/Hiver 2009. Mark Millar (Wanted, Kick-Ass, Superman: Red Son, The Authority...), fort du succès critique et commercial de Kick-Ass (dessiné par John Romita Jr), commence à parler de ses projets futurs. On entend bien le nom de Superior (dont on vous reparle très vite!)traîner sur quelques forums d'initiés, mais c'est bel et bien sa troisième et dernière collaboration avec Steve McNiven que Millar entend promouvoir.
C'est ainsi à l'aide d'une série de Teasers qui en disent long que l'annonce débarque ("Civil War, Old Man Logan, Nemesis" "Le duo au millions de lecteurs rédicive"). Les chiens sont lâchés et la série trouve ses détracteurs avant même que la moindre image ne soit publiée !


Décembre 2009 - Annonce. Mars 2010 - Sortie du #1 : 3 mois, c'est le temps qui reste à l'Écossais et au Canadien pour avancer le projet au maximum et nous faire rêver, l'espace d'un instant, que la sortie du titre sera mensuelle et sans accrocs.
Encore raté. 3 mois séparent chaque nouveau numéro de Nemesis, et l'attente insoutenable au début laisse finalement place à une lassitude de la part des lecteurs, et comme on le verra plus tard, à un dégoût de la part de certains.
A ce moment là, on sait que Mark Millar est la "grande gueule" du monde des comics, que son annonce d'"enfin respecter ses délais" ne peut être que du vent, mais on a envie d'y croire, on a envie de lire le "Kick-Ass" de 2010. (La catchline du #1 de Nemesis était d'ailleurs sans équivoque : "Makes Kick-Ass look like Sh*t")

"That all you got?"

Soyons tout à fait honnêtes, nous aimons Nemesis. Certains d'entre nous moins que d'autre, certes, mais dans l'ensemble, la rédaction se réjouit à la lecture de chaque numéro. Nous aimons la douce folie qui anime Mark Millar au moment de scénariser l'enlèvement du président des Etats-Unis par un homme dont on se demande si l'équipe des vengeurs suffirait à l'arrêter, on aime les planches de Steve McNiven, véritable modèles de dynamisme et de Story-telling, on aime cette habitude qu'à l'auteur des Ultimates à nous mener en bateau [...] Mais alors, pourquoi cogner sur le malade ? Tout simplement parce que la sortie du #3, arrivé la semaine dernière dans tous les bons Comics Shop, vient de déclencher une véritable avalanche de débats sur la toile. "Puant", "Nauséabond", "magnifique", "génialement risqué" sont autant d'adjectifs qui sont venus s'apposer au doux nom de Nemesis depuis quelques jours. Retour sur une polémique :

2 numéros, c'est autant de chances de préparer les lecteurs à l'ultra-violence qui s'abat sur la troisième partie de la maxi-série. Certes, les deux premiers chapitres de la saga Nemesis n'ont pas été réalisés par deux enfants de chœur, mais ce n'est RIEN en comparaison avec le fameux #3 sorti par la semaine dernière.
Le premier numéro, témoin de l'avènement d'un génie du mal, est excellent. L'évènement est bel et bien là, Mark Millar semble tenir toutes ses promesses, et cette folle refonte de Batman ET du Joker passés ensemble au Shaker promet de belles choses pour l'avenir.

Second numéro, début des ennuis ! L'idée commence (déjà!) à poindre que Steve McNiven ne respecte pas ses deadline, le "héros" si peu loquace des débuts commence à parler et à dévoiler une assurance hors du commun, presque gênante, à tel point qu'il paraît impossible de se prendre d'empathie pour ce psychopathe dangereux. Le Cliffhanger de fin est convenu, déjà vu et surtout téléphoné, ce qui n'a pas pour effet de rassurer le lectorat du natif de Coatbridge. Les forums (en anglais)de son Millarworld font alors état d'un premier signal d'alarme.

/!\ Spoiler /!\ (si vous n'avez pas lu Nemesis #3, passez votre chemin!)

Et là, c'est le drame, le "coup de génie", le "vrai" départ d'une série qui se cherchait jusque là. Que vous soyez pour ou contre importe finalement peu, mais vous ne resterez sûrement pas de marbre au devant d'un tel bain de sang, d'une telle torture psychologique, et surtout, devant les nouvelles frontières outrepassées par Mark Millar dans les limites de la bienséance.

Homophobie, anti-christianisme, avortement et viagra.

Passons sur l'évasion spectaculaire (à tel point que la première question qui se pose est de savoir comment Tony Scott, réalisateur de l'adaptation de Nemesis, va porter une telle violence sur grand écran...) de Matt Anderson et des quelques 300 détenus de la prison de haute sécurité à bord de voitures de sport flambant neuf...
C'est bien la seconde partie qui nous intéresse ici, correspondant ainsi à l'ensemble de l'entretien téléphonique entre le directeur du F.B.I et Nemesis. On y évoque la grossesse (et l'avortement) cachée de la fille d'un père catholique pratiquant -qui, s'il l'avait su, aurait refusé l'avortement à sa fille au profit d'idéologies catholiques prononcées- par son propre frère, homosexuel de surcroît (là aussi, inacceptable pour le père de famille modèle que représente le directeur de la sécurité américaine.)

What if Mark Millar was a good Housewife ?

On apprend également au détour cette séance d'aveux croustillants que la femme du directeur l'a trompé pendant plusieurs mois en raison de ses piètres performances au lit et de son manque de présence dans la vie du couple. C'est une nouvelle tendance chez le scénariste écossais que de laisser la place à un côté soap opéra dans ses dernières productions. On l'a vu avec les amourettes de Kick-Ass il y a un an, voici que Mark Millar récidive en nous dévoilant la vie sexuelle du président des États-Unis. Brian M. Bendis serait il passé donner des conseils à l'auteur de Civil War?

Nous ne nous engagerons certainement pas dans un camp plutôt qu'un autre à l'aube de lire le #4 (on croise les doigts) de Nemesis, mais il est clair que que la frange chrétienne (est-elle vraiment importante?) des lecteurs de la série en prend ici encore une fois pour son grade, et qu'aborder l'avortement d'une manière si légère et sadique n'était probablement pas la meilleure solution pour s'accaparer l'amour du public surtout quand, scénaristiquement parlant, la série semble montrer quelques lacunes. Mais nous attendrons d'en lire plus avant de nous prononcer définitivement sur la qualité globale de la série, après tout, seuls 3 numéros sont venus peupler nos étagères, et il n'est pas rare qu'une série connaisse des débuts difficiles...

On croise cette fois les doigts concernant Superior (où Mark Millar est secondé par Leinil Yu au dessin), qui devrait sortir dans le courant du mois d'octobre puis à un rythme mensuel au vu de la rapidité de l'auteur Philippin. On vous en reparle ici même pour faire un débriefing du premier numéro !

Le mot de la fin de Mark Millar et Steve McNiven, à peu près aussi délicat qu'un doigt dans l'«œil» à tout leur lectorat :
Sullivan
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le 23 oct. 2010

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