BD de poseur
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J’ai été séduit par la couverture et le graphisme proposé par « Nos corps alchimiques » de Thomas Gilbert, un peu moins par les 230 pages proposées à l’intérieur. C’était plus d’un kilo de papier que l’on me proposait de lire ! Cependant, l’expérience se devait d’être tentée, encore plus avec un titre aussi évocateur. Le tout est publié chez Dargaud.
L’ouvrage est construit sur le trio Camille/Aniss/Sarah. Un homme, une femme, un entre-deux. Un brun, un blond, une rousse. Et tout continue ainsi : chacun à sa personnalité marquée et différente, le tout associé à des éléments et/ou des corps alchimiques (le colérique est le feu, la « gentille » est l’eau, etc.). Dès le départ, on sent que le livre est trop construit, trop intellectualisé. Cependant, cela n’est pas forcément un frein au plaisir. L’idée de cette histoire est que Camille veut fusionner le trio et utiliser leurs caractéristiques contraires mais complémentaires pour faire naître une nouvelle humanité.
« Nos corps alchimiques » interrogent ainsi sur nos différences en les voyant comme des caractéristiques incomplètes de nos personnes. Être un homme, c’est manquer de tout ce qui fait une femme. Ainsi, les trois personnages ont eu des relations entre eux, deux par deux. Ce qui est proposé par Camille est qu’ils s’aiment à trois. Mais ce n’est pas (que) sexuel, c’est plus compliqué. Plus compliqué, c’est bien là le problème. Si certains personnages expriment ne pas comprendre le projet de Camille, le lecteur pourrait dire de même…
Ce roman graphique se noie dans un discours plus philosophique que scientifique (alors qu’au départ, tout semble proche de la recherche scientifique : il y a une sorte de laboratoire, on parle d’expérience, etc.). Bref, ça parle beaucoup, ça ne veut pas toujours dire grand-chose et l’histoire n’avance que peu pendant ces 238 pages. Finalement, le concept est décrit très vite et n’évoluera pas.
Tout cela laisse un goût amer, car graphiquement c’est assez magistral. Très organique, conceptuel, flamboyant, on peut penser au « Âama » de Peeters. Hélas, ce « Nos corps alchimiques » souffrent des mêmes soucis lorsque tout devient métaphysique. Le trait de Thomas Gilbert est beau, moderne, capable d’une grande inventivité. Il convient parfaitement au propos pour le coup, mais l’histoire racontée reste trop ténue et abscons pour nous intéresser.
J’ai eu du mal à aller au bout de cet ouvrage. Je me suis forcé, espérant y trouver des clés, de l’intérêt, mais plus j’y avançais, plus je m’en détachais. Si le graphisme reste de haute volée, cela ne suffira pas à adhérer à ce livre trop écrit, trop intellectualisé. Et ces réflexions philosophiques cachent le vide de l’histoire. Dommage.
Créée
le 30 août 2022
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