Les superpouvoirs de Ross

Peace on Earth n'est pas là pour révolutionner le superhéros kryptonien. Ce one-shot ne marque pas par son histoire tout ce qu'elle a de plus simple. Superman prend conscience que malgré ses pouvoirs extraordinaires, des millions de gens souffrant de la faim ne peuvent être sauvés par les méthodes habituelles qu'il emploie. Mais Superman étant d'une bonté infinie et ayant gardé l'innocence naïve d'un enfant, il pense pouvoir régler le problème avec ses dons. Appel à la générosité, logistique version XXL où notre héros déplace des supertankers chargés d'aliments via les airs et mauvaises surprises en pays politiquement troublés émaillent sa gigantesque entreprise. Puis la dure réalité le rattrape et lui font prendre conscience que non, un seul homme ne peux pas tout faire. Seul changement massif pourra faire pencher la balance, et ça passera par une remise en cause des mentalités et du comportement.

Un discours déjà rabâché maintes fois à la télévision et ailleurs, le comics se faisant porteur d'un message à l'humanité. Un message qui en 2015 est encore loin d'être entendu. Alors les avis divergeront. De la pure naïveté mielleuse pour certains, une bonne occasion de rappeler à l'ordre tout ce beau monde pour d'autres, chacun y verra sa propre version de ce récit. Une chose est sûr, c'est n'est pas le scénario qui justifiera la lecture. Alex Ross s’est occupé d'illustrer tout ça, et forcément, ça ne peut qu'attirer l'attention.

On retrouve avec un plaisir non dissimulé son style à base de peintures aux rendus photo-réalistes. Et on l'on passe ainsi de pages en pages, décrochant régulièrement la mâchoire devant tant de planches magnifiques donnant un aspect documentaire, tel un reportage photo que Clark Kent aurait fait de son double costumé. Peace on Earth aurait tout aussi bien pu ne pas avoir de textes (il n'y a pas de dialogues, juste les pensées du protagoniste principal) que ça n'aurait rien changé à l'affaire. Les peintures restent l'unique motif d'attention, la seule raison valable de plonger la tête la première dans le travail de Ross. J'ai retrouvé les sensations que m'avait laissé Kingdom Come l'espace d'une grosse demi-heure, me délectant de chacune des pages avec minutie pour ne rien rater du spectacle. C'est juste putain de beau et Alex Ross est un fucking génie.

Et je suis du coup généreux niveau note alors que l'histoire ne mérite quasiment rien à mon sens. Vous pouvez remercier l'artiste.