Longtemps assimilé à la sous-culture popcorn US, le genre zombie, cette branche de l’horreur et du fantastique a proliféré dans les domaines du cinéma, du jeu vidéo et de la BD. Et pourtant, le cinéaste Georges Romero, héritier de la culture contestataire des années 60, depuis sa cultissime « Nuit des morts-vivants » et les suites qui en avaient découlé, avait justement utilisé les zombies pour dénoncer le système consumériste de nos sociétés capitalistes. Avec Walking Dead, Robert Kirkman et Charlie Adlard transcendent le genre avec un format qui s’apparenterait plus au roman graphique qu’au comics typique à la Marvel, conférant à ses personnages (les vivants bien entendu…) une profondeur psychologique assez surprenante, aucun ne possédant les caractéristiques du héros classique. Le personnage central, Rick Grimes, censé endosser cette position, a lui-même ses failles et ses zones d’ombre.


Si le trait, nerveux, est assez classique, il est toutefois bien adapté à ce « horror comics », dont le scénario est si captivant qu’on oublie totalement qu’il est en noir et blanc. Les personnages sont attachants et bien campés psychologiquement, ce qui, on pourrait le concevoir, est la moindre des choses face à des hordes de zombies hargneux et décervelés ! Le découpage du scénario est hyper efficace, et on se dit que décidément, les Ricains sont toujours très forts en la matière. Le récit est émaillé de multiples rebondissements, avec un suspense à couper au couteau, et à peine a-t-on déposé le livre qu’on a déjà envie de le rouvrir pour découvrir la suite. Même si faire peur n’est pas le but premier des auteurs, certaines scènes sont effroyables et risquent tout de même de provoquer quelques cauchemars… Mais cela serait oublier le vrai talent du dessinateur qui reproduit avec réalisme et sensibilité les différentes attitudes des personnages, sachant révéler avec justesse leurs états d’âme d’un simple coup de crayon…


Le tome 1 constitue une très bonne entrée en matière pour cette série déjà mythique. D’emblée on est plongé au cœur de l’action. La première scène, en page 6, donne immédiatement le ton, avec une scène choc où l’on découvre les premiers zombies, une scène digne de l’Enfer de Dante ! Nulle part dans ce nouveau monde, il n’existe un lieu où l’on peut se sentir en sécurité, même un hôpital ! Aucun indice n’est fourni sur les raisons d’une catastrophe qui semble avoir touché le monde entier. Inutile d’allumer le poste pour avoir des informations ou d’attendre d’hypothétiques secours, il n’y a plus rien, seulement la mort qui rôde et ses charognards sans sommeil. Si Rick Grimes parvient à retrouver sa femme, son fils et son collègue flic, qui ont pu se réfugier dans une petite communauté à l’écart d’Atlanta, le réconfort qu’il y a trouvera sera de courte durée. Le camping sauvage, c’est sympa l’été, mais l’hiver c’est « limite » et les « rôdeurs » - c’est le nom donné aux zombies dans cette série - apprécient eux aussi les balades à la campagne…

JULIENDAWSON
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le 20 janv. 2019

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