Cette BD pourrait se découper en 2 parties, bien distinctes mais pour autant indissociables. Le récit se construit tout doucement pour finalement susciter beaucoup d'émotions et peut-être faire couler une larme ou deux...
Nous suivons donc dans un premier temps le quotidien de Paul et de sa belle famille. Tout le monde est réuni chez les grands-parents et les journées se passent de la façon la plus agréable : l'accueil chaleureux de belle maman, les balades à pieds, les jeux de cartes, les baignades, les rigolades ... Mais l'auteur ne nous berce pas dans de douces illusions, la vie en communauté avec 8 adultes et 5 enfants n'est pas toujours simple et peut parfois générer des nuits agitées. Ces petits tracas font partie du quotidien de chaque famille et chacun pourra y retrouver quelques similitudes avec la sienne. Bref, le côté doux et nostalgique a, pour ma part, bien fonctionné.
Cette première partie de l'histoire se concentre par la suite sur Paul, sa femme et sa fille. Cette fois-ci, nous abordons le quotidien plus resserré d'une famille (sans les grands-parents, les oncles et tantes) : Un investissement immobilier, des inquiétudes au sujet de leur fille, des difficultés techniques dans le travail... D'ailleurs cette dernière anecdote professionnelle m'a procuré un fou rire vraiment mémorable. Pour cela, je remercie sincèrement l'auteur !
Le récit se poursuit donc sans rupture, cela se lit avec plaisir et parfois amusement.
A l'issu de cette première partie, l'auteur nous a fait vivre une vie plutôt banale mais ancrée dans le réel, avec les petits tracas que nous pouvons tous rencontrer. C'est grâce à cela que le lecteur se prendra une grosse claque car rien ne présage ce qui suivra surtout lorsque la BD s'intitule simplement et plutôt curieusement "Paul à Québec".
Nous voici donc à la deuxième partie. J'invite celui qui me lit à s'interrompre ici s'il n'a pas fini la lecture de cette BD.
Je ne referai pas l'histoire, ce n'est pas nécessaire. Je pense que toute personne ayant eu un proche, très malade et plus particulièrement atteint d'un cancer, sera touché. C'est incroyablement juste : Il y a des questions... des silences... des inquiétudes... des larmes... des regards... une atmosphère... une certaine fraternité... Une fois encore, l'auteur traite cela habilement surtout lors du dénouement avec 5 pages sans dialogues mais à l'aboutissement émouvant.
Finalement, la vie quotidienne est jalonnée de bien des tracas mais on mesure pleinement la chance de les vivre face à l'expérience de la mort, de la maladie. En cela, cette première partie est indispensable et indissociable de la seconde. Et d'une certaine manière, lorsque l'on referme cette BD après avoir tourné les dernières pages, on se sent un peu plus chanceux... en vie...