Peer Gynt, tome 1
6.6
Peer Gynt, tome 1

BD franco-belge de Antoine Carrion (2020)

Œuvre issue du théâtre romantique du XIXème siècle, Peer Gynt est l'adaptation en BD, en deux tomes, d'une pièce de théâtre d'Henrik Ibsen (tirée du folklore populaire), un monument du patrimoine norvégien.
Jeune paysan, paresseux et rêveur, Peer Gynt rêve d'une vie idéale et inaccessible, accumulant les mensonges et les dénis. Son entourage n'est pas dupe, et sa mère adorée souffre le martyr de son comportement.
Il est ingérable, menteur et il préfère l'attrait de l'aventure à la monotonie du mariage. Il veut quitter son trou paumé et aspire à une vie de roi et de reconnaissance, tout en affichant une attitude complétement marginale.
Au cours d’une de ses scandaleuses frasques, il croise le chemin de la belle Solveig, qui le marquera profondément.


Quête initiatique sombre et atypique, dramatique à souhait, les errances désespérées de Peer le mènent partout et nulle part, dans une fuite permanente, solitaire et douloureuse.
Faisant vivre trolls et sorcières, l’œuvre est toutefois très ancrée dans le contexte rural de la suède du XIXème siècle.
Aimant les femmes autant qu’il les détruit, aussi intelligent que malfaisant, ce François Villon suédois et rural est aussi peu attachant que fascinant !


L’histoire, désespérante et insolvable, est illustrée par des tableaux noirs et blancs somptueux, voluptueux, des paysages nordiques puissants qui enveloppent et aspirent cet anti-héros : pour fuir, il s’y perd, il s’y noie…
Antoine Carrion signe un chef d’œuvre visuellement époustouflant qui porte l’histoire de cet homme haï et adoré, poursuivant une chimère. Les planches de la nature ; forêts et montagnes, nuages glissants dans les arbres, ombres et lumières ; sont d’une telle beauté !
Ce sont des images sauvages qu’on contemple longuement, d’un lyrisme absolu qui donnent une dimension majestueuse aux tourments de Peer.
Personnages et récit sont à peine à la hauteur de ces paysages qui tirent toute l’histoire vers le haut.


Chloé

PapierBulles
8
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le 22 mai 2021

Critique lue 88 fois

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