Polina
7.5
Polina

Roman graphique de Bastien Vivès (2011)

On connaît Bastien Vivès pour ses BD toujours classes, attirant régulièrement des prix mérités. On le connaît aussi pour son blog génialissime, dépassant les limites de l'humour tel qu'on le connaît, à grands coups de scènes familiales tranchantes, de dialogues parfaits et de chutes ici incroyables, là inexistantes.
Il utilise ici enfin son style graphique très contrasté et en noir et blanc, jusqu'alors limité au blog, dans une BD "sérieuse", qui dit bonjour à la dame. À une exception près : un gris ponctuel mais indispensable.

Nous sommes en présence d'un chef-d'oeuvre.

Hasard, cette histoire voyant évoluer une danseuse classique sur plusieurs décennies paraît un mois après l'inratable Black Swan.
On aborde ainsi, naïfs que nous sommes, cet album avec la candide idée de s'y connaître un peu en danse. Ne pouvant pour ma part en rien différencier le travail de deux personnes un tant soit peu professionnelles dansant le même mouvement, on peut parler d'insensibilité chronique à cette discipline. Ce ne sont d'ailleurs sûrement pas les invectives floues que lance Cassel à son anxieuse élève qui y changerait quoi que ce soit.
J'ai donc abordé cette BD sans même penser à sa thématique : la danse classique.

Tout d'abord, l'auteur soigne évidemment par rapport au blog les visages, et il est incroyable de voir à quel point il nous faut quelques pages pour identifier graphiquement tous les personnages, alors que le style général effleure le minimalisme.
Le personnage du professeur n'est pas sans rappeler la récurrence de la figure sévère et toujours improbable du père dans les drames familiaux des strips du blog de Vivès. Toutefois, ce Bojinski appréhendé de tous apparaît finalement comme assez doux, reposé.
Ce livre se lit d'une traite, parce que tout se tient. On vit avec Polina le tiraillement, l'hésitation, le doute.

Et il faut voir ces séances de répétition notamment dans l'appartement, où on entend siffler les jambes effilées et craquer les articulations meurtries.


À vrai dire, s'il fallait une raison de lire ce livre, au-delà de la délectation graphique, de la justesse scénaristique, ou du processus de réflexion constant, ce serait l'émotion de la fin : un épilogue magistral pour un talent incroyable.
Youlot
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le 31 mars 2011

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Youlot

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