Quai d'Orsay : Chroniques diplomatiques, tome 2 par Eric17

« Quai d'Orsay » est une série qui a fait une arrivée assez tonitruante l'année dernière dans les librairies. En effet, cette bande dessinée née de la rencontre de Lanzac et de Blain contait le quotidien de Dominique de Villepin lors de son passage au Ministère des Affaires Etrangères. Le premier tome m'avait charmé au plus haut point. J'avais trouvé la lecture dense, intéressante et hilarante. C'est pourquoi, lorsque j'ai vu apparaitre la suite des aventures de ce héros original dans les bacs il y a environ un mois, je me suis empressé de me le procurer. Il est toujours édité chez Dargaud et est vendu au prix d'environ dix-sept euros. Il faut dire que son format est un petit peu plus grand qu'un album classique et surtout il se compose d'une centaine de pages.

Comme dans le précédent bouquin, cet album nous plonge dans le quotidien d'Alexandre Taillard de Vorms, ministre des Affaires Etrangères. Cette réalité est vue par le prisme du regard d'un de ses conseillers nommé Arthur Vlaminck. Ce dernier est chargé de rédigé les discours de son patron. Ce tome est essentiellement construit autour d'une intervention militaire potentielle au Lousdem, soupçonné de détenir des armes de destruction massive. Beaucoup de scènes tournent donc autour de l'O.N.U., centre de décision de ce type de décision.

L'attrait principal de cet album est son réalisme. En effet, son scénariste, Lanzac, est un ancien conseiller de Dominique de Villepin. Malgré son statut de rédacteur de discours, il nous immerge dans le monde complexe de la diplomatie où chaque mot et chaque décision ont des conséquences potentielles immenses et doivent être pris dans des délais très courts. Les propos sont denses et les contenus sont riches en information. Ils sont suffisamment vulgarisés pour que le lecteur en saisisse l'essence et les enjeux. Sur cet aspect-là la lecture est passionnante.

Mais en plus d'un aspect informationnel, cet ouvrage nous offre de vrais moments de rigolade. Le personnage d'Alexandre est présenté comme un diable de Tasmanie qui possède des moments de fulgurance mais qui, bien souvent, change d'avis comme de chemise. Il ne s'exprime que dans des envolées lyriques qui mériteraient d'être étudiées au plus haut point. Chacune de ses réunions avec ses collaborateurs s'apparente au passage d'une tornade. Les longs monologues de notre « héros » sont de petits chefs d'œuvre qui ont fait naitre chez moi bon nombre de fous rires. Je garde d'ailleurs un souvenir culte d'une scène dans laquelle le ministre se trouve dans un avion avec ses conseillers. J'en pleurais presque de rire. D'ailleurs le fait que cet ouvrage soit construit sur des sources fiables rend le caractère excentrique du personnage encore plus drôle.

L'énergie qui se dégage d'Alexandre et l'ouragan que déclenche chacun de ses emballements est particulièrement bien mis en valeur par le dessin de Blain. Son style caractéristique accompagne parfaitement le mouvement de la même manière qu'il le faisait dans « Gus » ou dans « Isaac le Pirate ». Je trouve que les expressions des personnages sont explicites et drôles sans tomber dans une caricature trop extrême. Le dosage est excellent et fait de notre lecture un vrai moment de bonheur. Sur le plan du découpage des planches, il alterne des cases découpées rigoureusement et des pages sans contour qui correspondent souvent aux moments extrêmes du ministre. Avec cela, il accompagne les variations du rythme de l'histoire. Pour les couleurs, je trouve qu'elles suivent également ce mouvement. Par exemple, lors des monologues d'Alexandre, les décors sont souvent absents pour offrir toute la place au « héros ».

En conclusion, ce deuxième tome de « Quai d'Orsay » est à la hauteur du précédent, ce qui n'est pas peu dire. Il s'agit incontestablement d'un des meilleurs albums de l'année. De plus, la densité remarquable du propos fait que chaque nouvelle lecture est une véritable découverte. C'est un bouquin qui peut se lire et se relire à foison avec un même bonheur. Je ne peux donc que vous conseiller de vous l'offrir. Passer à côté de la préparation d'un discours d'Alexandre Taillard de Vorms est une erreur lourde pour un adepte du neuvième art. Bonne lecture...
Eric17
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le 28 déc. 2011

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