Sous la masque rouge, y'a quoi à part un joyeux bordel ?

Jason Todd, mort, puis ressuscité par la toute puissance des dieux scénaristes, désamorce une menace nucléaire à lui tout seul. C'est pas Jack Bauer, donc il morfle un peu à la fin et se retrouve sur une île déserte. Cherchez pas trop le rapport, la bombe était dans un bateau/sous-marin, un truc comme ça. Il est recueilli par une charmante extra-terrestre, la princesse Koriand'r de la planète Tamaran, dit Kori la peu vêtue (ou Starfire pour les plus conventionnels). En manque de sensation, faut dire qu'on s'ennuie un peu sur une île déserte (même si la princesse possède tout de même une carcasse de vaisseau spatial et une certaine garde robe, notamment les fringues de ces anciens amants... allez comprendre), Jason et Kori vont décider d'aller porter secours à un autre bras cassé, monsieur Roy Harper, qui n'a rien trouvé de mieux que de se retrouver en prison dans un pays peu recommandable (parce que c'est bien connu, dans ce bas monde, y'a des pays peu recommandables...) qui porte donc un nom inventé, histoire de ne faire aucune allusion à un pays existant. Bienvenue donc au Qurac, ou en Qurac ? Je ne sais pas trop en fait. Bref, vous avez compris l'idée.

Série intégrée dans la franchise Batman, écrite par Scott Lobdell (oui, ce mec est partout) et dessiné par Keneth Rocafort. Red Hood & The Outlaws ne doit d'ailleurs son lien avec Batman que par son personnage principal, Red Hood aka Jason Todd aka le deuxième Robin ! C'est bon, vous suivez ? Les autres personnages du cast n'ayant aucun, si ce n'est vaguement, rapport avec la chauve-souris. Nous avons donc Starfire aka la princesse Kori, l'extra-terrestre orange et sexy, avec ses atouts physiques indéniables (et qui est sortie, autant dans l'ancienne continuité que dans la nouvelle visiblement, avec Dick Grayson, le premier Robin...), et ensuite Arsenal (ou Red Arrow, suivant les périodes, l'univers dans lequel on se trouve et l'âge du capitaine) aka Roy Harper, sidekick dégénéré de Green Arrow qui a toujours eu des problèmes à se formaliser avec la "héros attitude". Vous savez, adolescence, rébellion, drogue et compagnie...

Lobdell nous offre donc une trinité ma foi, forte amusante sur le papier et qui dans la forme fonctionne plutôt bien. La caractérisation, bien qu'un peu légère par moment (d'ailleurs, Starfire passe facilement pour une traînée, je vois déjà quelques nanas s'indigner à juste titre là bas au fond) reste malgré tout plutôt bonne (oui oui, même la traînée, et sans vilain jeu de mots, et après tout c'est une extra-terrestre avec des moeurs différentes des notres hein... mais la partie "féministe" en moi réprouve totalement, oui "féministe", pas féminine, et alors ?).

Là où ça pêche, c'est dans le scénar, qui part en vrille à la moindre page. On se demande d'ailleurs si Lobdell arrive lui même à s'y retrouver. Parfois il fout même des ellipses temporelles qu'il arrive a contredire lui même. On passe par exemple de "12 heures plus tard" à "trois jours plus tard" en l'espace d'une page, alors que l'action est visiblement pourtant continue. Bref...

L'intrigue, qui est sensée revenir sur le passé de Jason et son passage dans une espèce de confrérie secrète, dont on ne comprend pas vraiment le but ni la raison d'être, en dehors du fait qu'elle a permis à Jason de faire le vide et de se retrouver un peu après sa "mort" (même si ça ne l'a visiblement pas empêché de courir après Batman suite à ça), part un peu dans tout les sens. On notera une espèce de menace absurde d'un humain s'étant injecté de l'ADN alien pour se transformer en espèce de crocodile volant (si si je vous jure, y'a même un des mecs de la bd qui le traite de Killer Croc avec des ailes, si ça c'est pas de l'autodérision !) qui poursuit une vendetta contre tous les habitants de Tamaran. Quelle chance que Starfire provienne de cette planète !

Pour revenir un peu sur la trame Jason, c'est super d'avoir repris un peu ce que Judd Winick a fait avec le personnage avant le relaunch (notamment lié en partie à sa résurrection avec Talia Al Ghul et le Puits de Lazarre), mais tout le trip qui suit avec cette espèce de confrérie de moines secrète n'a plus vraiment de sens, ni la menace qui en émerge. J'ai pas compris grand chose ni même réellement ressenti tant que ça une implication émotionnelle pour les personnages, si ce n'est en dehors de quelques flashback bien pensés qui le ramène a sa période Robin (et c'était bien plus intéressant que le reste, mais trop court).

Vous l'aurez compris, je suis carrément mitigé sur ce scénario. La Lobdell Touch, dont on vous a trop parlé dans les colonnes de ce site ? Je ne sais pas... C'est dommage, parce qu'encore une fois, la caractérisation n'est pas si mauvaise, et les trois anti-héros ont des relations intéressantes. Comble du bordel de la narration, le recueil a replacé le numéro #6 en premier dans le bouquin, ce qui est logique puisque le #6 représente bien le début de l'histoire. Alors pourquoi l'avoir écrit aussi tard ? Parce qu'il n'impliquait pas encore Arsenal et que ça aurait donc été mentir sur la marchandise ? Niveau embrouille on était plutôt bien servi. Enfin, ce n'est pas une mauvaise chose que le format TPB permette de remettre un peu d'ordre dans tout ça, mais ça ne suffira pas, hélas...

Pour les dessins par contre, Rocafort fait un boulot exquis. Personnellement, j'adore. Ses traits sont fins, et ses décors sont colorés et fournis. Ses planches sont magnifiques et sa Starfire est juste... un peu trop belle dirons nous. Mais soyons honnête, son dessin est franchement agréable en grande partie pour ça ! Il dessine super bien, les personnages ont de bonne gueules, de bonnes expressions. Bref, la BD est irréprochable sur ce point. Ce qui vaudra sans aucune doute la moyenne à ce titre !

Encore dommage donc que l'histoire parte un peu trop en vrille et qu'on en devienne aussi barje que Jason Todd à essayer de la suivre. Malgré tout, de par son casting et par la beauté de son dessin, la BD se laisse suivre et mérite sans doute qu'on s'y intéresse un minimum. En espérant tout de même que ça s'améliore sur le scénario !
Freytaw
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le 24 déc. 2012

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Freytaw

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