Encore un album qui attendait patiemment son tour dans la pile de lecture alors que pourtant il est franchement très bon. Je suis encore débutant en Thor, je n'ai lu que les récents Thor : God of Thunder, Thor : The Mighty Avengers et ce récit... Mais force est de constater que le héros semble avoir un bon potentiel pour les récits qualitatifs, et ce, dans des genres très variés (les trois récits que j'ai cité sont quand même tous radicalement différents).

Ce Thor : Rennaissance par Coipel, Straczynski et Djurdjevic est une excellente surprise. J'avais déjà remarqué le talent de Coipel dans ses travaux récents pour Marvel et j'avais bien aimé les quelques récits de Straczynski que j'avais lu... Mais là les deux ensemble et sur Thor pondent quelque chose de vraiment incroyable, du comics de super-héros ambitieux comme on voudrait en voir plus souvent.

Thor est mort, il faut le ramener à la vie, et Stracz' profite à plein de la liberté offerte pour moderniser le mythe et le réintroduire tranquillement personnage par personnage. On se familiarise facilement avec l'univers de Thor et ses potes, vraiment en douceur et on n'est jamais perdu. Mais la grande idée de ce début de run, c'est d'avoir couplé cette introduction en douceur avec, d'une part, une narration très solennelle, très épique, qui donne de la grandeur au héros, à sa quête et fait qu'on le considère vraiment comme un dieu, et d'autre part, de constamment le relier avec la réalité, de mêler les délires abstraits et fantastiques asgardiens avec la vie de toute les jours des américains et du monde en général. Ne pas avoir clairement mis de vilains et avoir préféré juste suivre les personnages est une très bonne idée aussi. Ça fait au final un récit vraiment envoûtant, surtout que les dessins d'Olivier Coipel sont précis, puissants, expressifs et franchement sublimes.

J'ai vraiment adoré les moments où Straczynski confronte l'asgardien aux problèmes réalistes du monde moderne, comme New Orleans après l'ouragan ou les génocides tribaux en Afrique. C'est des problématiques qu'on voit rarement chez les super-héros (qui préfèrent esquiver ça en combattant les supers vilains bariolés) et si Thor ne fait jamais grand chose pour les aider (il préfère visiblement trouver ses potes asgardiens), c'est vraiment une très bonne idée de montrer le rapport qu'à un dieu avec ces évènements, comment il est considéré par les locaux, pourquoi il n'a pas pu ou ne peut pas agir...

J'ai beaucoup aimé aussi le fait de ramener Donald Blake, le pendant humain de Thor. Surtout que ça semble revenir au fondement que Kirby avait instauré au début de la série, deux personnalités totalement différentes interchangeables par un coup de bâton. Si au final, là aussi, Blake ne fait pas des masses de choses et Stracz' ne s'intéresse pas beaucoup à lui, le personnage est très rapidement attachant et permet d'augmenter les passages plus terre à terre de la série. Le passage à l'hôpital new-yorkais à la fin de l'album est vraiment très bon et ça fait plaisir de voir Donald recroiser ce personnage historique de la série. Le rapport entre les deux personnages est vraiment excellent, et le dialogue est crédible et soigné.

C'est franchement un très bon récit, bourré de bonnes idées, très attachant, et servi par de très beaux dessins de Coipel et de sympathiques illustrations de Djurdjevic. Thor est amené à un niveau plus humain, plus facilement abordable, plus en lien avec nos préoccupations et ça marche du tonnerre (désolé pour ce jeu de mot foireux). J'espère que Panini rééditera la suite en Select car j'ai bien envie de la lire... C'est vrai que c'est lent, mais l'ambiance est vraiment fabuleuse et j'ai franchement lu ça sans forcer, loin de là. Le côté tranquille et contemplatif de ce premier arc sont, à mon sens, plus une force qu'une faiblesse et ça donne vraiment un ton assez unique à ce récit.

Par contre, ce n'était pas franchement la peine de mettre les deux récits finaux, qui sont plutôt beaux et qui se lisent, mais qui retombent, eux, dans les travers de Thor, avec des récits hyper asgardiens-centrés et qui sont, en plus, pas des plus intéressants. Et puis bon, dans le récit de Milligan, Loki redevient subitement un bonhomme et Odin est là, alors que tout les personnages portent les nouveaux costumes de Coipel... Pourquoi ? On peut avoir une explication ? Mais bon, ce sont juste deux compléments, le cœur du livre reste excellent lui.

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le 10 juil. 2014

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arnonaud

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