Au premier coup d'oeil, Robot attire et intrigue. Est-ce un manga ou un artbook? La couverture magnifiquement illustrée et l'habillage argenté en ajoutent même une couche, car contrairement à ce que l'on pourrait croire, Robot nest pas un ouvrage de science-fiction.

Sorti en 2004 au Japon et édité en France par Kami en janvier 2006, Robot est un collectif dirigé par Range Murata oscillant effectivement entre le manga et l'artbook. Format A4, 160 pages couleur, couverture souple à rabats, nous sommes là en présence d'un très beau livre (ce qui explique son prix). Et la comparaison ne sarrête pas là car, même si la majorité des auteurs y publient des planches, Range Murata et Ugetsu Hakua n'y présentent que des illustrations. Les différentes histoires (complètes ou à suivre) qui composent ce collectif abordent des styles variés: SF, fantastique, humour, intimiste ou fantasy, chacun devrait y trouver son compte. Précisons tout de même que ce livre est à réserver à un public averti et mature. On peut en effet y trouver de la violence explicite et des demoiselles dénudées.

D'une manière générale, on ne peut pas dire que Robot brille par ses scénarii. Le manque flagrant d'originalité semble être le maître mot des scènes ici présentes. La palme du scénario inexistant revient à "Oputon" de Okama, où une jeune fille rêve qu'elle entretient une relation charnelle avec un lit. Mais tout nest pas négatif pour autant. On retiendra par exemple l'originalité du "Ebony & Ivory" de Suzuhito Yasuda, prenant place dans une demeure devant, selon les directives de la maîtresse de maison, être débarrassée de toute trace de couleur pour ainsi faire ressortir la beauté de la nature. A retenir également: "Pez et les fraises chaudes" de Hiroyuki Asada, fable dans laquelle une petite SDF, accompagnée d'un jeune homme équipé d'un respirateur, déambule dans un étrange décor désertique au-dessus duquel passent des engins non moins étranges eux aussi. Elle y découvre une vieille bobine de film grâce à laquelle elle oubliera un peu son triste sort en faisant marcher son imagination.

Le véritable attrait de ce Robot se trouve sur le plan visuel. Globalement, l'album est un vrai régal pour les rétines et cultive là aussi la variété. On passe du trait vif de Yoshitoshi Abe, agrémenté de couleurs en parfait accord avec l'ambiance sombre de son "Wasteland", au style très kawaï de Yug, en passant par le graphisme de Makoto Kobayashi, très inhabituel pour du manga, qui n'est pas sans rappeler celui d'un Moebius. J'ajouterai, une fois encore, une mention spéciale à Asada et à son "Pez" (à suivre dans les autres volumes) dont l'aspect graphique est en totale adéquation avec le scénario.

Au final, ce Robot saura à coup sûr satisfaire les amateurs de beaux livres et des artistes japonais, à défaut d'offrir un niveau scénaristique capable d'intéresser les plus exigeants. Un recueil à posséder pour sa beauté.

Note: 8/10 en tant qu'artbook
5/10 en tant que manga
BAC
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le 10 mai 2010

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BAC

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