A Lovecraft, les enfants Locke n’ont jamais été aussi près des ténèbres. Tyler et Kinsey n’imaginent pas un seul instant que Lucas « Dodge » Caravaggio est revenu d’entre les morts pour s’emparer du corps de leur petit frère. Grâce à la clé Oméga, Dodge sera bientôt en mesure d’ouvrir la Porte Noire et de libérer les démons aux pouvoirs hypnotiques qui se tapissent derrière.
Depuis des siècles, le destin semble s’acharner sir la famille Locke. Mais Tyler et Kinsey détiennent eux aussi une arme redoutable : la clé du Temps. Sauront-ils contrer leur Nemesis et renverser le cours de l’Histoire ?

Et oui Lucas n’est pas mort, il a décidé de mettre les bouchées doubles pour trouver la clé Oméga en s’emparant du corps de Bode mais en laissant le sien à Sam Lesser. C’est donc ce « pauvre » Sam qui meurt une deuxième fois sous les coups de patins à glace de Kinsey, heureusement pour elle qu’elle ne ressent plus la peur ou la tristesse car elle y est allé franco. Quelles sinistres actions Lucas prépare-t-il encore ? Jusqu’où est-il prêt à aller ? On va découvrir dans son passé, qu’il ne se fixe en fait aucune limite…

Il y a, certes, moins de nouvelles clés dans ce volume que dans le précédent (d’ailleurs il n’y en a qu’une seule nouvelle) mais quelle clé !! La clé du Temps, voilà une clé intéressante. Une clé qui répond à bon nombre de questions ! Beaucoup d’interrogations sont résolues dans ce volume, beaucoup d’explications nous sont données. Oui, l’intrigue dans le présent avance vraiment peu dans ce tome, voir pas du tout, si ce n’est qu’une personne retrouve toute sa « tête » et une autre met la main sur un objet tant convoité…

Ce tome se déroule, dans sa majeure partie dans le passé. On remonte deux fois dans le temps. En 1775 et en 1988. Les deux bonds dans le temps étant entrecoupés par une visite dans la tête de Tyler, qui apportera diverses fortunes à Kinsey et Bode… Et ces voyages dans le temps sont possibles grâce à la clé du Temps, qui permet à Kinsey et Tyler de voyager à l’époque désirée en actionnant la clé dans une horloge.
Le premier bond en 1775 nous permet de découvrir le secret que renferment les clés. On découvre enfin ce qui leur donne leur pouvoir, et surtout pourquoi la première clé, l’Oméga, a été forgé par l’ancêtre des Locke ! Tout part d’une bonne intention, la clé Oméga devant servir en gros à protéger le monde d’un mal terrifiant et ne venant pas de notre univers !
Benjamin Locke illustrant à merveille l’expression : combattre le feu par le feu.

Puis vient le bond, qui prend une bonne moitié du tome, en 1988, Tyler et Kinsey voulant voir leur père. Nous découvrons alors en même temps qu’eux, tout le groupe d’ami gravitant autour de Rendell Locke : Erin Voss (l’amoureuse sans retour et la seule du groupe à sentir le danger), Kim Topher (la pin-up égocentrique), Ellie Whedon (chez qui Lucas vit dans le présent), Mark Cho (le petit dodu ne pensant qu’à travers son entre-jambe) et bien entendu Lucas.
Et si nous découvrons la plupart des personnages, les surprises nous viennent de Lucas et de Rendell Locke. Lucas car il était un ado de 18 ans des plus sympathiques, Rendell car toute la mer… actuelle vient de lui…
En 1988, cette bande d’amis très liés, s’amuse avec les nombreuses clés qu’ils ont découvertes à Keyhouse. Profitant des dernières semaines avant de ne plus pouvoir les utiliser. Oui en plus d’apprendre ce qui est arrivé à ces personnages, on en apprend plus sur le mode de fonctionnement des clés, qui peut les trouver, qui peut les voir… Tout cela se passe dans la franche camaraderie. Jusqu’à la représentation théâtrale qu’ils donnent, en utilisant le pouvoir de plusieurs clés. Moment où Tyler et Kinsey arrivent pour les observer. Moment au cours duquel une dispute éclate et où Rendell va alors décider d’ouvrir la Porte Noire pour qu’ils puissent, ensemble, se fabriquer une nouvelle clé pour que rien ne change. Hélas de par ce choix égoïste, tout va changer…

A commencer par Lucas, il va devenir celui que nous connaissons dans le présent, et la manière dont les autres vont essayer une première fois de se débarrasser de lui, dans la précipitation et sans la moindre réflexion, vont le rendre ivre de colère. Sa vengeance sera terrible et réfléchi, lui pour le coup. Et si le Lucas du présent nous apparaît comme froid et terrifiant, il n’en est rien à côté de celui du passé. Cette visite en 1988 se termine dans l’horreur, les meurtres, la haine et le sang ! Et l’on découvre que Lucas avait prévu l’éventualité d’une défaite face à ses amis.
Et l’on se retrouve avec une dernière page, à notre époque, qui nous glace le sang mais nous laisse un brin d’espoir avec un petit hameçon…

Les ténèbres et l’angoisse s’installent un peu plus sur Keyhouse, le regard satisfait et machiavélique de Bode sur la dernière page nous laisse présager le pire. D’autant que Lucas nous apparait encore davantage comme un véritable monstre sans coeur et sans limite, une fois son passé découvert. On se demande comment des enfants, aussi courageux et vaillants qu’ils soient, peuvent simplement imaginer arrêter Lucas. Surtout qu’ils le pensent mort. Plus on en découvre sur Lucas, plus on a l’impression d’être de plus en plus acculé au bord d’un précipice avec la fratrie Locke. Les mystères de Keyhouse se dévoilent enfin sous nos yeux à un rythme palpitant, Joe Hill nous prenant à la gorge avec toute ses révélations et faisant peser sur nos épaules une atmosphère toujours plus oppressante, toujours plus douloureux.

Le tout servi par des dessins de toute beauté de la part de Gabriel Rodriguez. Le dessinateur chilien nous offrant des illustrations toujours plus belles tome après tome. Se rapprochant limite, petit à petit de la perfection. Ses décors sont d’une noirceur et d’un réalisme saisissants, comme la grotte, ou limite enchanteur comme sur la pleine page où Kinsey se laisse aller au vent avec ses ailes. Ses personnages dégagent un charisme dingue, et leurs expressions sont crédibles et communicatives.

Bref, cet avant dernier tome de Locke and Key est une petite merveille de fantastique, où le sentiment d’oppression est limite dérangeant par moment tellement il se fait ressentir. La psychologie des personnages les rendent attachants et effrayants, dans une intrigue encrée de mystères se dévoilant, d’angoisse palpable et d’un soupçon d’espoir dans cette noirceur étouffante. Joe Hill flirte avec la perfection, nous livrant les secrets de Keyhouse que l’on attendait avec avidité, et qu’au final on aurait préféré ne jamais connaître !
Romain_Bouvet
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le 12 janv. 2014

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Romain Bouvet

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