Troisième tome des aventures de Corto Maltèse, Sous le signe du Capricorne est légèrement victime de sa complexité narrative volontaire. En effet, chaque partie du récit n'est pas dans une totale continuité de celle qui la précède. A chaque fois, une vingtaine de pages (comme le chapitre d'un roman traditionnel) qui demande au lecteur de recoller les morceaux pour faire jaillir un minimum de sens. De plus, Sous le signe du Capricorne a retranscris des événements réels comme l'épisode de la Financière Atlantique, un genre de compagnie commerciale très puissante dans les Caraïbes. Si vous voulez en savoir plus, lire la partie consacrée au personnage de Morganna Dias do Santos Bentam dans l'album les Femmes de Corto Maltèse où Hugo Pratt livre plus de clés. Ainsi la finalité de l'intrigue du début de Sous le signe du Capricorne est plus abordable car resituée dans son contexte. La dernière partie de l'album est très mystérieuse puisque Pratt s'en sert pour préparer l'action du quatrième tome. Le lecteur passe donc d'une situation financière particulière caribéenne à une famille de voleurs mystiques, les Lokhaärt. Corto Maltèse, via ses réminiscences contrariées de la fin de l'album (il aurait perdu la mémoire suite à une balle pas si perdue), a de quoi être paumé lui aussi. Complexe, surfant sur différents contextes pas forcément décrits en détail, cette bande dessinée de Corto Maltèse est fidèle à sa nébulosité chronique mais questionne le lecteur à la fois curieux et déboussolé. Le voyage fut certes bon même si contrarié.