Sous notre Atmosphère se présente sous la forme d'un recueil d'histoires courtes signées Osamu Tezuka. Il ne s'agit pas du premier manga de ce format du célèbre mangaka traduit dans la langue de Molière ; nous avions déjà eu droit au Cratère, à Tonkaradani, et aux Histoires pour Tous. Sur le premier, je ne me prononcerai pas n'ayant pas eu l'occasion de le lire, mais les deux autres titres contiennent des histoires de taille très variable, et visent un public plutôt jeune, dans la lignée d'Astro Boy ou Princesse Saphir. Sous notre Atmosphère se démarque par des chapitres d'une taille réduite – environ une vingtaine de pages chacun – et surtout en se situant sur un créneau infiniment plus adulte.

Pour ce manga, Osamu Tezuka s'essaye à la nouvelle, des récits courts dont la principale caractéristique réside dans leur fin abrupte et inattendue. Il s'agit donc d'un exercice de style compliqué, puisque l'auteur doit développer ses idées, mettre en place un univers, le tout en un minimum de pages, tout en maintenant un final percutent.
Le format mis à part, il s'avère compliqué de dégager de grandes lignes directrices de Sous notre Atmosphère, dans la mesure où chaque chapitre s'appuie sur des thèmes différents. Nous y trouvons aussi bien des histoires où il se met lui-même en scène, que de la science-fiction, de l'anticipation, du western, ou des récits prenant comme toile de fond le Japon de l'époque et ses problèmes.
Il surnage tout de même une forte impression de pessimisme de la part de l'auteur. Au-delà des thèmes abordés, il recourt énormément à l'horreur et au paranormal, avec une atmosphère qui peut devenir véritablement malsaine, glauque, voire même perturbante. Il nous offre ici des récits durs dans la veine de ses manga les plus sombres ; Sous notre Atmosphère datant de 1968, les habitués de l'auteur trouveront dans ces pages les prémices de nombre de ses futurs titres, de Black Jack à L'Histoire des 3 Adolf en passant par MW ou Barbara.

Le format autorise le mangaka à expérimenter sur de nombreux sujets différents, tout en restant dans cette ambiance extrêmement sombre qui caractérise l'œuvre. Cela permet d'obtenir un manga d'une grande richesse, où chaque chapitre apporte véritablement quelque chose d'inédit et arrive à se démarquer, à sa façon. Contrairement à la plupart des recueils que j'ai pu lire, je n'ai pas trouvé de grande différence d'intérêt d'un chapitre à l'autre, avec des récits excellents en côtoyant de bien moins réussis ; non, dans Sous notre Atmosphère, j'ai apprécié une homogénéité salutaire où chaque récit s'avère d'une grande qualité, sans qu'aucun ne tire l'ensemble vers le bas.
Le problème majeur de ce manga au demeurant si plaisant réside dans son ton pessimiste voire fataliste ; même si certains chapitres se ferment sur une note d'espoir, il n'en reste pas moins sombre et violent, et je déconseille fortement de le lire en cas de déprime. Même en temps normal, mieux vaut espacer la lecture de chaque récit, afin de les apprécier au maximum.

Pour moi, Sous notre Atmosphère mérite sa place parmi les grands titres de son auteur disponibles sur le marché français, mais certains lecteurs ne supporteront probablement pas sa noirceur.
Ninesisters

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