Strain par anononyme

Mêmes créateurs que Sanctuary, mêmes thèmes, même univers, même sorte d'histoire et de personnages, mais en plus court et en moins bien fignolé! (Ce qui ne m'a pas empêchée de bouffer les 5 tomes en moins de 24h, à l'époque... Je savais que j'aurais pas dû commencer. Ce jour-là, j'avais perdu toute mon après-midi à lire ça... -_-)

Vu la similarité entre Strain et Sanctuary, je ferai essentiellement un parallèle entre les 2 dans cette critique.

Bon après, c'est peut-être un peu injuste: Sanctuary bénéficiait de 12 tomes là où Strain n'en a que 5 pour se développer, alors évidemment, il y en a un qui est un peu plus épique que l'autre... Mais il n'y a pas que ça qui explique pourquoi Strain est un peu en déçà. C'est surtout parce que le message de l'histoire n'était pas très clair, alors qu'avec Sanctuary, c'était non seulement clair, mais aussi puissant...

Ici, j'ai vaguement l'impression que le message principal n'est qu'une ôde nationaliste à l'Asie, bien qu'au final (*SPOIL*) les "batards" aux dents longues (métaphore pour représenter l'Asie?) n'ont pas réussi à renverser les "héritiers légitimes" qui ne sont au pouvoir que grâce à leur lignée de sang (métaphore pour l'Occident?), même s'ils ont réussi à laisser des "traces". Du coup, je ne sais pas trop ce que je dois en conclure...

Après, comme je le disais, les 2 histoires restent fort similaires, que ce soit au niveaux des valeurs mises en avant (loyauté, fierté, détermination, etc.), qu'au niveau personnages. On retrouve ainsi: le héros mystérieux aux valeurs fortes et à l'aura telle qu'il attire tout le monde dans son camp, les personnages féminins un peu inutiles, le yakuza brute épaisse qui a en réalité le coeur sur la main et qui ferait tout pour le gars charismatique à qui il a décidé de vouer sa vie, les ambitieux qui n'hésitent pas à se salir les mains pour la grandeur de leurs projets, le balourd dégueulasse, les vieux singes qui s'accrochent au pouvoir, etc.

Enrobez tout ça dans une intrigue avec des retournements de situation dans tous les sens, de la mafia et de la corruption, et ça donne un truc qui claque sa race!

Buronson et Ikegami aiment manifestement créer des histoires avec ces ingrédients.

Bien que Strain n'arrive pas à être aussi marquant que le premier chef-d'oeuvre du duo, j'ai tout de même accroché dès le premier chapitre. Impossible de m'arrêter ensuite. Comparé à Heat, une autre de leur collaboration toujours du même genre, c'était nettement plus passionnant. C'est bien simple, je ne suis jamais allée au-delà du premier tome de Heat, car c'était un peu du réchauffé, alors que Strain m'a tenue en haleine tout le long. L'histoire part sur une base différente: Mayo/Shingo n'a pas d'ambition concrète au début de l'histoire, c'est un mec trahi et meurtri qui "survit", et c'est la rencontre avec la petite Shion qui a provoqué son réveil. Il a clairement une sensibilité à fleur de peau aussi (faut dire que c'est un artiste), même s'il paraît être un tueur impassible. Et ça le différencie nettement des héros de Heat et de Sanctuary, qui eux, ont une volonté impassible, une vision et de grands projets dès le départ, et qui n'ont aucunement l'intention de laisser leurs sentiments leur barrer la route (pas confondre sentiments et valeurs, parce que leurs valeurs influencent tous leurs actes par contre).

Le truc qui m'a quand même gêné dans Strain, ce sont les personnages qui retournent leur veste aussi vite qu'ils dégainent leur zizi (ouais, parce qu'on échappe pas non plus à la floppée de scènes de sexe gratuites :p)... On se tire dessus, on se kidnappe, on se fout des coups bas pas possibles, et la seconde d'après, on est frères d'arme à la vie à la mort et on est prêt à se sacrifier l'un pour l'autre... Ca me parait quand même gros!

D'aucun dirait qu'on pourrait faire la même critique pour Sanctuary, et à ceux-là je leur réponds: non! :D Parce que comme je l'ai dit, en 12 tomes, on a le temps de mieux fignoler l'intrigue, et les relations entre personnages sont mieux décrites et les retournements de veste sont moins soudains et inexplicables! :D Enfin je trouve... ^^

Un autre reproche est le gâchi du personnage de Shion. Elle avait pourtant du potentiel et le tempérament pour être une protagoniste très intéressante! C'est dommage qu'elle se soit vite retrouvée à être une jeune fille frèle et fragile qui pleure en espérant que le héros reviendra sans se faire butter! La fille elle a survécu des années dans la rue quoi, c'est pas une petite chose fragile! Mais faut bien le dire, l'univers de Buronson est vraiment très machiste... En gros, ça se résume à: "Sois gentille et fidèle à ton homme sans le déranger dans son business, et tout ira bien!". C'est un peu triste.

Enfin, un dernier mot sur les dessins qui sont somptueux, comme d'hab. Réalistes, expressifs, et sans fioriture!

Bref, si vous avez quelques heures devant vous, foncez lire Heat!