Tower of God
7.7
Tower of God

Webtoon de Lee Jong-Hui (SIU) (2010)

N'hésitez pas et entrez dans la Tour de Dieu

Quelle surprise, le meilleur battle manga existant actuellement est un webcomic coréen !


Je suis tombé sur cette œuvre complètement par hasard. Perdu sur un site de scantrad j'ai cliqué sur le lien vers ce manwha parce que le personnage qui l'illustrait avait une bonne tête, et ça m'avait l'air bien dessiné.


A la lecture des tout premiers chapitres j'étais un peu dubitatif, parce qu'en fait c'était mal dessiné, et que l'histoire du jeune héros qui doit explorer un donjon pour y retrouver sa belle ça fait tellement penser à un truc écrit par un pré-ado qui vient de lire son premier roman de fantasy. Parce qu'au départ la narration semble franchement maladroite. Parce qu'on s'attend à voir, comme dans beaucoup de bandes-dessinées du genre, un auteur qui imagine son histoire au fur et à mesure, et qui surpris par son succès se retrouve incapable d'exploiter son univers et ne fait qu'enchaîner des combats interminables contre les méchants du jour. Bref, un énième battle manga qui est là pour engranger du fric pour son éditeur.
Après une lecture-marathon de 3 jours, je ne peux que constater que mes premières impressions étaient très loin de la réalité.


Tower of God c'est juste la bande-dessinée la plus ambitieuse qu'il m'ait été donnée de lire, et un véritable chef-d’œuvre de la BD extrême-asiatique. Contrairement à la plupart des auteurs, qui, à part sur des séries courtes, vont imaginer le scénario au fur et à mesure, tout porte à croire que SIU avait déjà une idée très précise du scénario au moment de dessiner la première case. Je serai surpris d'apprendre qu'il n'a pas déjà prévu la fin de son manhwa.
Parfois on s'étonne de certains événements ou du comportement de certains personnages, on se dit, tiens une incohérence/un trou scénaristique, Et en fait 60 voir 100 chapitres plus tard, on découvre une explication cohérente et pas tirée par les cheveux. Moi quand je vois ça je suis bluffé.


L'histoire se déroule au sein d'une tour aux proportions gigantesques, chaque niveau étant de la taille d'un continent. Et lorsque vous regarder vers le plafond, vous ne voyez qu'un ciel bleu avec parfois des nuages. En haut de la tour se trouve richesse, gloire, pouvoir et vie éternelle. Voilà pourquoi il se trouve en permanence des millions d'êtres de toutes races et toutes origines, qui luttent férocement pour s'approcher du sommet. Et à l'étage 134 se trouve actuellement Zahard, qui règne sur tous les étages inférieurs et qui y fait la loi grâce aux pouvoirs qui lui ont été conférés par les Gardiens de la tour, des entités quasi-divines.
Je n'en dit pas plus de peur de gâcher même un tout petit peu la lecture.


Ce cadre est l'occasion de faire se rencontrer et se battre des humains et des créatures aux pouvoirs divers et variés, mais c'est surtout l'occasion pour l'auteur de construire tranquillement sa mythologie et son scénario aux proportions épiques.
Heureusement pour nous lecteurs, les affrontements sont loin d'être de la bastonnade écervelée et interminable comme dans un Naruto ou un Bleach. L'auteur n'oublie jamais de tenir compte des spécificités de chaque personnage, aussi bien du point de vue de ses méthodes de combats que de sa personnalité, pour nous livrer à chaque fois des scènes au dessus de la norme. Et surtout il prend un plaisir certain à placer ces affrontements dans le cadre de "jeux" régis par des règles, que les combattants doivent respecter s'ils veulent monter les étages de la tour. Ces jeux sont parfois très simples (par exemple un chat-perché), parfois très compliqués (le jeu des chambres dans la 'saison 2') et d'autres fois ludiques et surprenants (une variante de Defense of the Ancients).
On est ainsi sûrs de ne jamais tomber dans la monotonie, d'autant plus que les retournements de situation, souvent sur base de complot et de trahisons, sont légions. Pour couronner le tout Tower of God se permet le luxe de ne pas tomber dans le manichéisme, avec des héros qui sont loin d'être des anges, et des méchants qui ont de vrais motivations.


Aussi, ce manhwa contient ce qui est peut-être le personnage le plus détestable de toute l'histoire de la bande-dessinée, mais je vous laisse découvrir...


Pour ce qui est de la forme, il s'agit d'un webcomic (ou webtoon) coréen, donc c'est tout en couleur. Mais surtout, la principale différence avec les bandes-dessinées classiques c'est qu'on ne lit pas des pages les unes à la suite des autres, mais une seule trèèèèèès longue page verticale pour chaque chapitre. Il y a pas à dire, ce format est bien trouvé et est très bien adapté à la lecture sur écran. Petit bémol, le fait de perdre la séparation en pages et de ne pas avoir de publication papier supprime toute contrainte ou presque vis à vis du découpage. Résultat, on a généralement un enchaînement flemmard de cases rectangulaires les unes au-dessus des autres. Mais bon comme de toute façon ce n'est pas très beau ce n'est pas bien grave.
Enfin je dis ça mais ça n'est pas non plus désagréable à regarder, et quand l'auteur prend son temps sur un dessin le rendu peut être pas mal du tout.


Si Tower of God passe à côté de la note parfaite, c'est uniquement pour son aspect esthétique. Si ça avait été dessiné par exemple comme un Gunnm, nul doute que Tower of God serait devenu instantanément ma bande-dessinée préférée.


Enfin, je n'ai pas pu m'empêcher de me faire la réflexion suivante : avec le système de publication de manga/manhwa classique, cette œuvre n'aurait probablement jamais pu voir le jour. Alors un grand merci à l' "éditeur" Naver, qui a fournis une vitrine à cette auteur, et qui apparemment lui laisse une liberté quasi-totale sur son œuvre.


PS : Non mais vraiment j'ai juste un respect énorme pour ce type qui, sachant à peine dessiner, s'est lancé dans l'écriture d'une BD en se disant "Bon aller, je devrait pouvoir boucler cette histoire en 400/500 chapitres". Pour info, l'histoire est divisée en 4 parties, parfois appelées saisons. Aujourd'hui on en est à la deuxième partie, et plus de 170 chapitres.
MAJ 27/10/14 : on est aujourd'hui à un peu plus de 200 chapitres. Depuis quelque temps l'auteur traverse une mauvaise passe (gros problèmes de santé notamment), et ça se ressent sur la qualité et la quantité de sa production. Heureusement après un dernier arc très décevant, celui qui vient de débuter a pas mal de potentiel. Le gros bémol c'est que les chapitres sont actuellement près de deux fois plus courts qu'avant, et l'histoire avance à un rythme molasson.
MAJ 18/10/15 : la mise en place du nouvel arc vient enfin de se terminer ! Mais c'était vraisemblablement en grande partie la faute des problèmes de santé de l'auteur, les chapitres étaient encore riquiquis et il a même pris une pause de deux mois. En revanche les tout derniers chapitres sont extras !

Pizza
8
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Créée

le 15 déc. 2013

Modifiée

le 15 déc. 2013

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Pizza

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