Tel père, tel fils ? Critique des tomes 1 et 2 de Ultraman

La question de la reproduction des super-héros, du passage de témoin n’est pas toujours sur le devant de la scène dans les séries. Dans Ultraman si, et cela dès le départ avec un premier chapitre intitulé ‘Héritage’ où l’on peut voir le fils du Minsitre de la Défense Shin Hayata (l’humain qui avait fusionné précédemment avec Ultraman et qui a perdu la mémoire sur tout ce qui s’est passé lorsqu’il était Ultraman), tomber de quinze mètres et… simplement pleurer. Rien de cassé pour Shinjirô. Si cela aurait pu valoir à la famille Hayata de concurrencer une certaine famille de Chaune sur Marne, ici les leçons à en tirer sont plus directes : le passage d’Ultraman chez Shin a laissé des traces et des gènes d’Ultraman se retrouvent chez lui mais aussi chez son fils. Voilà qui pourrait donner des idées…

Douze ans plus tard, Shinjirô Hayata est un adolescent presque comme les autres. Presque : il fait des bonds assez prodigieux et il n’a qu’à bloquer un coup de pied et serrer un peu fort pour retourner la jambe d’un enquiquineur. Ses capacités n’ont pas disparu au cours du temps, elles semblent même se développer. C’est alors qu’il fait la rencontre d’un personnage qui ne lui veut pas du bien : Bemular, une entité robotique venu de l’espace pour faire le ménage – que le père et le fils affrontent (passage de témoin) – et dont l’apparence n’est pas sans rappeler celle d’une Eva. De cette rencontre va alors découler différentes conséquences :

• Si les années ont passé et que le Géant de Lumière (Ultraman) est parti, il n’en va pas de même pour les extraterrestres présents sur Terre. Certains sont toujours présents et peuvent se révéler dangereux (les gantzers n’ont pas fait leur boulot !).
  
  • Par conséquent la Terre a besoin d’une arme de dissuasion (massive), pour décourager toute tentative hostile.
  
  
  • Shin Hayata ayant dépassé la date limite d’utilisation, ce rôle incombe à son fils – s’il le veut bien, évidemment.

Cette idée est expliquée de manière limpide à Shinjirô par Edo, un alien Zetton qui fait partie de la Patrouille Spéciale d’études des Singularités Scientifiques, une section spéciale qui sévissait à l’époque d’Ultraman et qui n’a en fait jamais disparu. L’heure est donc venue pour Shinjirô de se décider, de savoir ce qu’il veut faire…

En dépit de ses capacités physiques exceptionnelles Shinjirô va être aidé dans sa tâche. Cette aide prend la forme d’une exo-armure. L’Ultraman d’aujourd’hui ressemble donc plus à Ironman qu’au géant des années passées. Ce héros à taille humaine va alors devoir apprendre à être Ultraman, sauver des personnes, éliminer des extraterrestres, voir des scènes peu soutenables, douter, gérer sa double identité, une possible relation sentimentale… Bien que nous n’en soyons qu’au début de la série il semble assez clair que cet Ultraman va proposer un scénario plutôt sombre. Entre les petites phrases distillées ici et là par Bemular ou Moroboshi sur les vraies origines de Shinjirô, sur le fait que rien n’est fait pour cacher l’existence d’Ultraman et des extraterrestres à la population désormais (pour que la patrouille dispose de plus de moyens ? Qu’une législation plus restrictive soit votée ? Qu’il y ait plusieurs exo-armures en circulation ?)… On pressent que le gentil Ultraman risque de devenir le joujou de certains s’il n’y prend pas garde. Des choses n’ont pas encore été dites au héros en devenir. Pour son bien ? Pour mieux servir certains intérêts ? Cela fera partie des enjeux de la suite.

L’intrigue est donc posée et semble solide pour nous occuper quelques chapitres encore. C’est une bonne chose car la lecture des tomes est agréable, que ce soit grâce au format du livre (128 x 182 mm), un dessin plaisant à voir, précis, qui rend bien les expressions des personnages tout comme le rendu des armures (je ne suis pas trop fan du rendu de Shin Hayata mais j’adore Edo) – si bien que l’on regrette qu’il n’y ait pas davantage de pages couleurs ! Il y en a dans les deux volumes mais… on en voudrait encore plus ! Autre point à noter, la présence, à la fin de chaque volume de l’UltraQlub. De quoi s’agit-il ? D’un recueil qui nous permet d’en savoir plus sur Eiji Tsuburaya, sur la naissance d’Ultraman et sur ses ennemis… en somme de nous éclairer sur l’Ultraman de départ, afin de mieux comprendre les multiples références qui parcourent le manga. Une initiative qu’on ne peut que saluer et qui en dit long sur la volonté des éditions Kurokawa de donner à Ultraman tous les moyens de révéler son potentiel et de toucher tant les personnes familières de cet univers que les néophytes (dont je fais partie).

Cette mise à jour d’Ultraman débute donc de manière très satisfaisante. Sans rompre avec les origines, la volonté des auteurs de moderniser l’univers est appréciable et on retrouve ainsi un design proche de celui que l’on peut trouver par ailleurs (Ironman, Evangelion…) d’où une immersion relativement aisé dans la série. On peut donc attendre de pied ferme la suite, pour voir tant les nouveaux ennemis que les possibles alliés de ce nouvel Ultraman ainsi que quelques révélations qui, espérons-le nous surprendrons pour le meilleur et peut-être aussi pour le pire. On finit donc en disant à très bientôt à Ultraman !