Un sixième album trés réussi

Dernier album sorti des aventures de Jules, qu'en dire ? Que du bien. Pour ce qui est des graphismes, j'en ai déjà beaucoup parlé sur les premiers albums, nous pouvons donc dire qu'Emile Bravo garde une recette gagnate à ce niveau-là, un style toujours aussi efficace.

Mais parlons du contenu, qui s'avère terriblement critique sur notre société. Dés les premières pages, nous avons un débat entre un prof et ses élèves sur l'évolution de l'homme, et si, oui ou non, dans le sens où la société se dirige, si celle-ci aura la chance ou non d'évoluer. Voilà de quoi nous mettre dans le bain. Chez Jules, nous ressentons l'atmosphère que dégagera cet album tant il tente de nous amener à réaliser la situation dans laquelle nous sommes. Un climat de tension silencieuse, Jules se sent de plus en plus à part dans sa propre famille et d'ailleurs, même la police et les gens semblent lui faire remarquer qu'il n'a pas sa place où il se trouve. Ses parents se murent dans le silence, chacun de leur coté, tandis que Roméo continue d'enchainer catastrophes sur catastrophes ... d'album en album, la famille de Jules, à l'image de la société, semble prête à exploser à n'importe quel moment. Ce n'est d'ailleurs plus une famille, tant celle-ci semble morcelée.

Et l'aventure commence, Janet et Jules se retrouvent tous deux, accompagnés de Tim et Salsifi (leur pote extra-terrestres), à devoir convaintre le haut conseil des ETs pour les sauver de la menace future d'une comète. Chapeau d'ailleurs à Emile Bravo dans le design de ses créatures toutes plus loufoques les unes que les autres. Ainsi, nombre de fois Jules et Janet se verront critiqués par Tim dans sa vision qu'il a du monde des humains. C'est un regard extérieur et réfléchi, bien loin des contrariétés matériels de notre monde, qui est capable de juger le monde. Mais parce qu'Emile Bravo a conscience que se faire rabacher nos torts à toute instance par un être supérieur, il n'hésite pas à amener Jules à s'agacer aux remarques incessantes de Tim. Ici là, nous avons ainsi un héros humain, imparfait, qui lui-même, faisant de son mieux, dispose de son propre ego qui, à force d'être critiqué, finit par s'agacer. Rien de méchant, juste une remarque, et Tim ne le juge guère, car il sait que c'est là où ça fait mal qu'il doit appuyer.

Bref, Jules et Janet se retrouve donc à devoir convaincre un riche homme d'affaires d'empécher une exploitation pétrolière en antarctiquen soit mission impossible. De malencontreux ou heureux hasards, de déceptions à d'étranges rencontres, le quatuor tentera de réaliser leur mission en usant des mots, de leur moralité, malgré l'implacable ambition des grands de leur monde. Ainsi, c'est un lourd sujet qu'Emile Bravo traite, et pourtant, il parvient avec subtilité, humour, réalisme et imagination, à faire passer le message, à nous faire réfléchir sur le monde qui nous entoure.

Nous le voyons avec cet album, nos héros grandissent, et l'oeuvre de l'auteur également. En parallèle avec son temps, elle se veut plus alarmiste, et l'auteur semble de par cet album, secouer un bon coup la société, lui faire tourner un regard sur elle-même.