Miracleman. Donc lui, je ne savais même pas qu'il avait existé. Il aura fallu cette réédition pour que je le découvre, et surtout réalise qu'un fameux barbu (pas Torpenn, l'autre) avait travaillé à sa renaissance dans les années quatre-vingt. Alan Moore donc - Avant Watchmen - scénarisa l'histoire d'un super-héros amnésique, brusquement réinvesti de ses pouvoirs...
Le choix délibéré de Miracleman - un erzatz de Superman / Captain Marvel - rend l'approche particulièrement intéressante. D'une part parce qu'entre le surhomme omnipotent et son alter ego humain à l'existence morne, un fossé s'installe petit à petit. D'autre part parce que Alan Moore assume complètement les aventures quasi nanardesques publiées dans les années 50 de Miracleman, au point d'en faire un moteur scénaristique puissant. Car décidément, Miracleman vivait des histoires trop ridicules pour être vraies, la vérité sur son existence est ailleurs...
En toile de fond, Moore prend qui plus est le temps de dépeindre avec aigreur son époque (l'Angleterre Tatchérienne, la guerre froide, etc) et de réaliser une analogie, un peu forcée mais pertinente, avec le mythe du surhomme de Nietzsche, ce qui donne une densité au récit prenante.
Ce premier tome, posant les bases de cette complexe renaissance, est en tout cas une jolie surprise qui laisse espérer beaucoup pour la suite. Plus qu'à attendre patiemment que Panini publie le reste de la série.