Une femme ne s'arrête jamais - Jennifer Blood, tome 1 par Gatcha

Jennifer Fellows est une mère de famille pas désespérée. Elle tient une maison proprette dans une résidence calme, a un gentil mari au boulot stable, deux enfants sans problèmes et une vie rythmée par le ménage, la cuisine ou les courses. Simplement, pour s’occuper le soir après une bonne journée de labeur, elle vient de prendre l’habitude de s’habiller de cuir noir et d’aller trucider les gangsters du coin ! Équipée de tout un arsenal et d’une foi inébranlable, elle a prévu de réduire la famille Blute à néant avant le week-end. Mais Jennifer est tout sauf une cinglée en mal de sensations, et son rodéo contre le crime n’est pas gratuit…
Avec une telle idée de départ, on aurait été déçu si Garth Ennis ne nous avait pas encore offert une mini-série gore, jubilatoire et portée sur un humour noir du plus bel effet. Connu et apprécié – ou non – pour ses comics trash, le scénariste irlandais va toujours très loin dans ses propos et ne semble arrêté par aucune censure personnelle. Sa vision de la mère de famille exemplaire fait voler en éclats tous les poncifs, à travers un portrait au vitriol de la vie de couple. Son héroïne tenant un journal, toutes ses pensées intimes nous sont révélées, même celles qu’une bonne épouse n’ose jamais penser. Ce sont d’ailleurs ces petites réflexions dévastatrices et acides qui pimentent ce titre, surtout lorsque débarque un voisin lubrique et sûr de sa virilité qui va entraver la mission de la belle. Trois dessinateurs brésiliens se succèdent tout au long des jours de la semaine. Si Adriano Batista et Kewber Baal montrent des graphismes assez proches, dynamiques et expressifs – celui du premier nommé montrant un encrage parfois un peu trop épais – le trait de Marcos Marz est lui trop différent pour ne pas surprendre. Bien qu’agréable dans son genre, fin et épuré à la manière d’un Phil Noto, le contraste est dérangeant mais sans gêne pour la lecture. C’est même lui qui se retrouve à dessiner le meurtre le plus gore de tous, celui qui montre littéralement que les truands ont eux aussi des tripes…
Dérangeant et sanglant, telle est la marque de fabrique de Garth Ennis. Les réfractaires – et les plus jeunes – passeront leur chemin, les amateurs ne seront pas déçus !
Gatcha
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le 29 août 2012

Modifiée

le 29 août 2012

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Gatcha

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