Une image réaliste et sombre d'une enfance qui n'en finit plus.
Riad Sattouf, fils d'une mère française et d'un père syrien se dépeint en enfant curieux et inquiet, traversant, au fil des pages, la Libye, la Bretagne et la Syrie des années 80.
Perdu entre l'adoration d'un père un peu trop idéaliste et d'une mère qui n'ose plus l'être, le Riad Sattouf des années Pompidou se questionne sur la place des enfants, des personnes âgées et des femmes qu'il côtoie.
Les images, qui pourraient passer pour naïves, sont volontairement dramatisées, inquiétantes, comme chargées d'ombre. De l'ombre d'une époque où l'on ne parle pas aux enfants et d'un âge où on apprend à contrecœur l'existence des différences et de l'intolérance (je repense aux scènes où ses deux cousins l'humilient).
Par ailleurs, Riad Sattouf accorde une place essentielle à la tradition ; les personnes âgées y sont mythifiées et sublimes, empreintes d'un côté presque magique (les fantômes de la maison bretonne, la vieille folle et la grand-mère lécheuse d’œil).
Ainsi, Riad Sattouf s'interdit tout jugement de valeur, se contentant de décrire avec ses yeux d'enfant les opinions des grands et des petits, tous plus ou moins cruels et impuissants.