J'ai lu quelque part que Riad Sattouf ressentait, en écrivant et dessinant, des moment où il hésitait à mettre certains passage de la vie de sa famille dans la BD. Et chaque fois que cela arrivait, il se disait que c'était précisément ces moments-là qui devaient y figurer. Et cela se ressent tout du long. On ne peut qu'admirer le regard honnête, profondément meurtri aussi, que l'auteur porte sur ses parents, et en particulier son père. Dessiner ces pages a dû être une épreuve immense.
La profondeur et la qualité humaines du récit en sont colorées tout du long. On pourrait lui donner comme sous-titre "les enjeux d'une vie", voire "nos vies, ces enjeux". On y rencontre des personnes et des cultures aux fonctionnements différents mais qui ont en commun de chercher à s'orienter dans un monde fragmenté et de vouloir comprendre ce qui fait qu'elles sont elles-mêmes. Fragmentées, ces vies et ces cultures se cherchent un point d'ancrage, un sens au fait d'être uniques. Jusqu'à devenir rigides pour y arriver, rigides comme le sont les fous et les amoureux.
À lire, relire, et relire encore.