Rien n'est parfait, mais on n'en est pas loin

Écrire une critique de The Walking Dead en 2024, c'est peut-être aussi pertinent que d'essayer de sauter dans un train en marche qui serait déjà arrivé à bon port, tant cette œuvre a marqué de son empreinte le début du XXI ème siècle.
Mais qu'à cela ne tienne, après tout, on dit que les chefs d'œuvres survivent à l'épreuve du temps.
Alors, est-ce à ce type d'œuvre que l'on à faire ? L'épopée de Rick Grimes dépasse-t-elle la hype des années 2010, où personne sur Terre ne pouvait ignorer ce qu'était The Walking Dead ?

J’aurais tendance à répondre humblement par l'affirmative. J'ai personnellement immédiatement accroché aux pérégrinations de Rick et de son groupe, tournant pages après pages pour être à chaque fois un peu plus scotché jusqu'à ce que je me rende compte que j'étais arrivé à la fin du récit et qu'un immense vide se créait en mon for intérieur alors que je devais faire mes adieux à tous ces personnages qui m'ont marqué.
Et toutes ces émotions se sont retrouvées en émulsion après seulement quelques petites semaines de lecture assez intensive, je n'ose imaginer l'impact sur des lecteurs réguliers de la première heure qui les ont accompagné pendant une quinzaine d'années.
Alors, pour les deux, trois du fond qui ont dormi ces quinze dernières années,
The Walking Dead, c'est quoi ?

C'est l'histoire de Rick Grimes, flic d'une petite ville dans le Kentucky. Il a une vie paisible avec sa femme Lori et son fils Carl, n'a jamais utilisé son arme sur un être humain et un jour une fusillade éclate alors qu'il est en service.
Il sombre alors dans un coma dont il se réveille plus tard pour découvrir que les morts se sont réveillés et sont légions. Rick n'a alors qu'une idée en tête : retrouver sa femme et son fils et survivre avec eux à cet enfer.

Mais alors, comment une “simple histoire de zombies” a-t-elle pu générer tant de hype, au point de devenir une franchise, d'avoir le droit à une adaptation en série hyper populaire et même des jeux vidéo ?
Le duo Robert Kirkman, Charlie Adlard a réussi un véritable tour de force alors que la série sort au départ “dans l'indifférence générale”.

Ce qui frappe tout d'abord, c'est l'absence de couleurs. On peut se demander pourquoi le produit final n'apporte pas de couleurs alors que le matériau s'y prette de par sa violence graphique on imagine directement une plus-value et l'horreur renforcée.

Personnellement j'ai bien plus envie d'y avoir une présence du noir et blanc. Après tout, si l'on se pose la question du choix, déjà est-ce un choix du duo ? Du dessinateur ? Dans le comics c'est assez rare finalement de se passer de couleur et une explication aussi simpliste qu'une limitation technique ou un choix par défaut ne me satisfait pas du tout. On peut également se demander ce qu’amène le choix du noir et blanc.

Tout d'abord, j'aime à y voir un hommage cinématographique aux premiers films de genre et forcément, aux films de Georges Romero.

Deuxièmement je trouve que ce choix renforce l'angoisse et l'horreur de la série, là où la couleur aurait un effet presque cartoonesque vu les doses d'hémoglobine renversées par tomes. Il y a une réelle plus-value à l'angoisse apportée par le noir et blanc dans les espaces fermés, claustrophobiques où la visibilité est nulle ou presque.

Mais ma théorie préférée de cet usage du noir et blanc, c'est qu'il reflète parfaitement la morale grise omniprésente des personnages. Il n'y a pas de héros purs dans cette série. Il n'y a que des humains persuadés de faire les meilleurs choix pour survivre, puissent-ils être les plus cruels de leur vie.

Et c'est ça, la force de cette œuvre, la caractérisation constante de ces personnages qui évoluent du début à la fin, pour celles et ceux qui le peuvent et qui passent par des épreuves terribles et qui se retrouvent à commettre des actes qui nous questionnent sur notre humanité.

L'un des nombreux points forts de The Walking Dead, c'est la force évocatrice des personnages auxquels on peut facilement s'identifier qui permettent une empathie très forte et un questionnement moral et éthique de chaque instant. Impossible de compter le nombre de fois où l'on se demande :” Et si j'étais à leur place, est-ce que j'irais jusque là ?”

Et c'est sans plus de d'informations sur l'intrigue que j'invite quiconque qui ne l'aurait pas encore fait à embarquer dans l'aventure The Walking Dead pour découvrir un univers fascinant tout en nuances de gris.

Laucian
9
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le 16 avr. 2024

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Laucian

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