Watchmen
8.5
Watchmen

Comics de Alan Moore et Dave Gibbons (1986)

Cette fois, c'est la dernière, j'en peux plus moi, votre dégénéré barbu végétarien que vous idolâtrez comme c'est pas permis, je vous le laisse, étouffez-vous avec si vous voulez, mais arrêtez une bonne fois de me casser les couilles avec cet imbécile.

Oui, parce que, au final, après en avoir bien bavé pour me taper From Hell, La Ligue et donc Watchmen, ce qui frappe avant tout, c'est l'incroyable stupidité du propos.

Là, c'est dommage, ça partait mieux, pour une fois qu'il ne violait pas allègrement des œuvres qu'il ne maîtrise pas, ça commence à se lire sans trop de douleur. En fait, sans être ni palpitante, ni intelligente, ni révolutionnaire, l'idée de ces super-héros « réels » intégrés à un monde de guerre froide sur quelques décennies permettait des choses intéressantes. Bien entendu, très vite, l'apparition de ce ridicule personnage bleu en contradiction totale avec le reste de la bande dessinée fout tout par terre. Outre les images hideuses sur Mars, l'incroyable lourdeur de ses dialogues omniscients, ce qui est le plus drôle, c'est quand même qu'à part désintégrer le fils de pute qui semble avoir ici beaucoup d'admirateurs, le grotesque dieu nudiste ne sert absolument à rien.

Tant qu'on y est dans les trucs inutiles, toute la partie corsaire est absolument imbitable, pénible et prétentieuse.

Ah oui, et le coup des savants et écrivains enlevés, c'est moi où ça nous tient en haleine (si j'ose dire, en vrai, je m'en battais quand même pas mal les testicules) pendant cinq cent pages pour s'achever dans un cloverfield des plus infâmes torché en douze secondes ?

Ah sinon, tant que j'y suis, c'est pas parce que la BD se moque elle-même des personnages ridicules en collants qu'elle n'est pas quand même absolument pénible à cause de ça, surtout que dans le genre ridicule, c'était quand même gratiné, mention spéciale pour le sauvetage de l'incendie en navette volante avec le nouveau Hibou sur le toit, si je n'avais pas été en train de m'ouvrir les veines, j'aurais bien rigolé.

Bon, le pire c'est quand même le faux suspense sur l'histoire d'amour-haine de la vieille pute et du psychopathe, avec le formidable, « je suis ton père » final qui achèvera les mieux disposés d'entre nous...

Histoire de ne respecter à aucun moment son postulat de départ, Moore ne se contente pas de nous imposer une divinité schtroumpf bodybuildée et exhibitionniste, non, non, il nous emmerde aussi avec le fait de donner à son super-cerveau-méchant-sauveur du monde de véritables super-pouvoirs absolument en contradiction avec tout le reste, et foncièrement inutiles, mais bon, c'est pas grave, de toutes façons, vous êtes capables de bouffer n'importe quelle merde sans réfléchir, plus c'est gros et ridicule, plus vous remuez la queue de jouissance, j'abandonne.

Ah oui, au fait, en plus de remercier chaleureusement Hypérion pour m'avoir forcé à lire ce bouquin pénible, long et affreusement dessiné, je voudrais juste vous demander un service : si vous n'avez pas la culture BD suffisante pour que je m'intéresse à votre avis, soyez gentils de ne pas laisser de commentaires et de disliker en silence, ça nous fera gagner du temps à tous.

Je vous embrasse.
Torpenn
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le 28 juin 2012

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Torpenn

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