http://slimgus.blogspot.com/2011/01/127-heures.html

En randonné solitaire à travers le canyon de l’Utah qu’il semble connaître et maitriser, Aron fait pourtant une erreur de débutant. N’assurant pas sa prise, il glisse au fond d’une crevasse entrainant dans sa chute un lourd rocher qui l’empêche d’en sortir. Commence alors une longue attente. Manquant d’eau, perdant du sang, Aron perd petit à petit l’esprit et se laisse divaguer et fantasmer. C’est à travers ces rêves éveillés que son histoire se trace, entre souvenirs d’enfance et espoirs d’avenir, on apprend ainsi à le connaitre, à l’évaluer. Ingénieur et sportif chevronné, il dispose de l’équipement et du sang froid adéquate mais, face à l’improbabilité d’une telle situation, il reste pourtant totalement dépourvu. C’est donc au fond de ce trou qu’il voit sa fin arrivée, tentant malgré tout de s’en sortir, il ne peut s’empêcher de penser à laisser un témoignage avant de mourir.

Jouant le rôle de l’Américain moyen, un peu débile car courant partout en traversant à toute allure un décor qu’il ne prend que trop peu le temps d’admirer, James Franco porte seul le film puisqu’il est quasiment l’unique acteur. Malheureusement, sans pour autant être réellement mauvais, il n’est jamais à la hauteur de telles responsabilités. Pour lui, habitué aux seconds rôles, c’est surement ce qu’il a fait de mieux jusqu’à aujourd’hui mais ça ne suffit pas pour porter un tel personnage, il lui manque quelque chose. Toutefois, et ce grâce à l’arrivé de ses délires de mourants, on finit par s’attacher à ce personnage et, à mesure qu’il voit sa mort approchée, rêvant de liberté, revoyant sa famille, on se surprend à chercher avec lui une solution.

Sans tomber dans le sentimentalisme dramatique attendu dans pareille situation ni dans le gore dépourvu de véritables émotions propre aux films de survie, Danny Boyle trouve un ton original pour finalement raconter la même chose, sauf qu’ainsi les émotions fortes paraissent crédibles. Il choisit donc la sobriété et se contente d’une esthétique réaliste dans l’ensemble tout en ajoutant par moments quelques effets qu’il croit encore maitriser. Les effets d’incrustations, de split-screen et la mise en images des délires (totalement ringarde et pompeuse) font toutefois pâle figure et ne sont finalement qu’un clin d’œil inutile du dernier véritable succès du réalisateur: Trainspotting. Ici le sujet est tout autre, et cette pâte Danny Boyle reste inadéquate car très mal utilisée et souffrant esthétiquement d’une décennie de retard.

Dany Boyle change donc radicalement de genre en laissant de coté le divertissement de masse (Slumdog Millionnaire) pour renouer avec l’essence même du cinéma en signant ici un portrait bien plus qu’une histoire. Sans être impressionnant, magnifique ni réellement profond, 127 Heures a le mérite de rester intéressant car il se concentre sur l’aspect psychologique et émotionnel de son personnage en s’attachant à décrire la réaction humaine face aux épreuves de la vie. Le film nous prend ainsi à partie et l’on s’y plonge totalement pour en ressortir ému et marqué. Cependant face à une réalisation indigne du réalisateur et un jeu d’acteur rarement à la hauteur, 127 Heures ne parviendra jamais à transcender son personnage pour y faire retentir un réel message. Il souffre ainsi constamment de son manque d’ambition pour espérer s’inscrire parmi les œuvres majeures de son réalisateur.
SlimGus
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le 1 nov. 2012

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Gaylord G

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