Scénario :
33 ans après sa mort, Steeve McQueen sort de sa retraite pour réaliser un film. Il est balaise le gars. Et en plus il s'attaque pas à un film de course de bagnole comme Bullit ou Le Mans, non, ça parle d'un sujet ultra-sérieux comme l'esclavage.
Il y raconte la véritable histoire de Salomon Northup, un homme noir né libre qui va être enlevé pour devenir esclave. C'est un récit poignant, très difficile sur la façon dont étaient traités les esclave dans le sud des états unis au XIXeme siècle, et ce, malgré différents types de maitre (allant du "bon maitre qui traite bien ses esclaves" à "l'immonde pourriture.")
Bon, c'est un peu dommage, le titre spoile le fait qu'au bout de 12 ans, il ne sera plus esclave, mais il faut avouer que c'est du sacré bon boulot de réalisation pour une voiture qui parle.


Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "je suis curieux de voir ce film."



En tant que sujet d'étude :



12 Years A Slave est le film que j'ai pris afin d'étudier le genre du "film à Oscar" et c'est vrai qu'il rempli toute les cases du film à Oscar moderne.


Bon, déjà, c'est un sujet ultra-sérieux, basé sur des faits réels. L'histoire de Northup est le seul témoignage direct d'un esclave sur la traite des noirs. Le livre en lui même est devenu un best-seller à l'époque et certains estiment même que ce livre à lui seul a peut-être déclenché la guerre civile américaine. Tombé dans l'oubli, il a été réexhumé à la fin des années 60 et restait assez peu connu. Le réalisateur Steve McQueen ne connaissait même pas ce récit au début du projet et


Il faut dire que le livre explique par le menu un peu tout ce qu'il se passe : la façon dont les gens sont enlevés (parfois en faisant du chantage sur les enfants) acheminés, vendus, puis on voit différents maitre, les différents travaux, les taches qu'on peut leur demander (notamment leur faire jouer du violon), les histoires de jalousies et les coups de sang des planteurs. McQueen a aussi rajouté quelques faits notamment le cas d'esclaves qui se sont mariées avec leurs maitres. Il y a des torsions de la réalité, notamment le maitre Ford qui est décrit dans le livre comme "le plus bon des hommes" et que McQueen a volontairement construit comme un faux-cul, le fait de posséder des esclaves étant pour lui, impossible a concilier avec la bonté.


A cela s'ajoute une image incroyablement léchées : on se sent dans le sud des états unis, dans les plantations, sous le soleil. McQueen a refusé d'utiliser du sépia...et merci à lui, j'en pouvais plus de voir des biopics aux couleurs ternes (n'est-ce pas Clint ?) Apparemment ils se sont inspirées des peintures de Goya. Le film n'hésite pas non plus sur la violence graphique : on voit les corps suppliciés sous les coups de fouet et à utiliser des plans séquences pour ça. Et il y a des moments de flottement volontaire, notamment sur la fin où l'on voit Northup (Platt) le visage dans le vide ou en train de se mettre à chanter du Ghospel montrant une sorte de laché prise à travers les prières.


Et que ne serait un film oscarisable sans un bon gros casting des familles : on a donc Benedict Cumberbatch en Ford, Michael Fassbender hyper crédible en Epps qu'on sent toujours à moitié ivre, Paul Dano, Paul Giamatti qui viennent faire quelques roles et puis Brad Pitt. qui pour le coup, vient juste jouer le rôle de Brad Pitt en plus de littéralement sauver la situation.


Le premier role est tenu par Chiwetel Ejiofor un acteur anglais que je ne connaissais pas (et qui aurait faillit jouer le Docteur de Doctor Who) et qui tient vraiment le film par sa prestation : il a un physique relativement passe-partout et il est bon dans toutes les situations que ce soit le désarroi, la colère, la résignation. Pour le coup, c'est assez raccord avec les Oscars qui préfèrent les films "a performance" que les films chorale. (Ejiofor a même appris le violon pour être raccord sur le peu de scène où on le voit jouer.)


Bon, pour le coup ça a payé aux oscars 2013 : Meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleur second role (acteur ET actrice), meilleur scénario, meilleur décor, meilleurs costume et meilleur montage. (Il y a une page wikipédia entière pour le nombre de décoration remporté par ce film dans les différentes cérémonies.)



Mon avis personnel :



C'était pas le bon moment pour voir ce film. Parce qu'entre la guerre en Ukraine, le retour du Covid et des problèmes d'argents, on est plutôt dans un mood où on aime pas trop d'humeur à voir des films déprimant. S'ajoute à cela que les séries qu'on regarde en ce moment sont Vinland Saga et l'Attaque des Titans (la fin de la série où ça parle presque de génocide) et qu'on avait regardé Lettres d'Iwo Jima le mois dernier. Autant dire que c'était pas vraiment la franche rigolade.


Ce qui fait que ma compagne, sur la fin du film (lors d'une scène de fouettage d'esclave particulièrement violente d'autant plus qu'elle est profondément injuste) m'a regardé avec un air de chient battu qui signifiait "on peut accélérer la scène ?" avec une pointe de "purée, mais pourquoi on se mate toujours des trucs DUR à regarder."


Le pire, c'est qu'on s'y attendait. On le sait que le thème de l'esclavage c'est loin d'être une franche rigolade mais on est toujours pris et choqué, par la rapacité de l'être humain, par son incapacité à avoir de l'empathie voire sa haine des gens qui sont différents d'eux et surtout par la violence du traitement des esclaves. C'est d'autant pire qu'au départ Salomon Northup nous est vraiment montré comme un homme comme les autres et il y a un côté "imaginez, ça pourrait être vous, ce gars." C'est un peu le monsieur tout-le-monde d'une trentaine d'année qui n'avait rien demandé à personne et qui va être plongé en enfer.


Donc, voilà, difficile d'être insensible devant ce film, ça m'a donné envie de me plonger sur la vie de Northup sur wikipédia et de voir ce qui était vrai et ce qui ne l'est pas. (C'était apparemment par certains côté pire, et par d'autre moins pire que ce qu'on ne voit dans le film.) Et ça permet de faire une vraie mise au point de ce qu'était l'esclavage, surtout lorsque j'entends dire que "au fond, après la guerre civile américaine, les esclaves ont été réembauchés par leurs anciens maitres, c'était comme si rien n'avait changé" et que tu t'aperçois qu'il y a quand même un fossé énorme entre les deux situations. Intéressant aussi de voir que certains blancs étaient employés aussi en tant qu'ouvrier voire que certains partageaient le sort des esclaves suite à des peines de travaux forcés.


C'est super instructif, mais faut avoir le coeur bien accroché.

Mad Dog

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