Vers l'infini et au delà !
♫ http://www.youtube.com/watch?v=EB3IokHelRk ♫
(critique rédigée lors de l'écoute d' "Adagio" de Aram Khachaturian)
Considéré comme l'une des oeuvres maîtresses de Stanley Kubrick et a fortiori l'un des plus grands films de Science Fiction de l'histoire du cinéma, je me devais de voir ce 2001 : l'Odyssée de l'espace. Et je n'ai pas été déçu. Comment aurais-je pu l'être ? Sorti en 1968, ce film n'a pas pris une ride. Ce qui d'emblée frappe le spectateur c'est la beauté des images. Des plans de caméra astucieux qui sont magnifiés par une photographie sublime. La première des quatre parties du film qui met en scène des australopithèques donne tout son sens à la phrase précédente. Et que dire de la scène finale du premier acte où un os symbolisant la première arme de destruction se transforme en navette spatiale lors d'une transition musicale où "Ainsi parlait Zarathoustra" rejoint "Le beau danube bleu" ? Rien. Si ce n'est que c'est simplement magnifique.
2001 : l'Odyssée de l'espace n'est pas un film qui plaira à tout le monde. C'est une oeuvre visuelle qui est portée par sa bande son plus que par son scénario ou ses acteurs. En effet, ces derniers sont en retrait. Leur physionomie est quelconque et il est difficile de s'identifier à eux. Ils servent cependant deux buts; l'instrumentalisation par Kubrick qui les fait évoluer dans des plans et décors léchés ainsi que la mise en lumière de la vraie variable SF du film; HAL 9000, un super-ordinateur qui coordonne la première exploration spatiale de l'histoire de l'Homme. Cette IA arrivera à créer un climat réellement particulier dans l'immense désert spatial mais je n'en dirais pas plus pour ceux et celles qui n'ont pas encore tenter l'expérience 2001. Mais force est d'admettre qu'à travers le symbolisme d'un oeil omniscient, Kubrick a crée un personnage de Science Fiction inoubliable à l'image de GlaDoS dans l'univers vidéoludique.
Pour ceux et celles qui voudraient malgré tout savoir de quoi parle le film, il s'agit simplement de quatre actes où l'Homme sera confronté à un étrange monolithe noir. Ces scènes, vous les reconnaîtrez immédiatement puisqu'elles sont portées par "Lux Aeterna", un extrait du requiem de G. Ligeti. Certains le considèrent comme "beau", moi j'opterais plus pour "oppressant et dérangeant". Dans tous les cas, il ne vous laissera pas indifférents et vous assurera un point lors d'une soirée "Blind test musical" tant il vous aura marqué. J'ai écrit plus haut que le film n'avait pas pris une ride. C'est en réalité partiellement vrai. La dernière partie du film, retouchée via calques colorés et qui a fait dire à certains que Kubrick était fou, a mal vieilli. Du moins, aujourd'hui ces effets sont surannés. De plus, les commandes et tableaux de contrôle dans le vaisseau et la navette sont kitchs. Oui, je cherche la petite bête mais pour une raison tout simple; artistiquement il n'y a rien à reprocher à ce film !
Ce film a aujourd'hui 45ans ! Sorti 20ans avant ma naissance et pourtant il peut se targuer de tenir la dragée haute à bon nombre de productions contemporaines ! On ressent à chaque plan l'amour du réalisateur pour son métier et son média. C'est une oeuvre contemplative qui ne vieillit pas. J'ai lu à droite et à gauche que N.W. Refn était un Kubrick en devenir et bien que j'éprouve beaucoup d'affection pour les oeuvres du danois, force est de constater qu'il est encore loin d'égaler une oeuvre comme 2001. Cependant, le rythme lent, ces longs moments de silence propices à la contemplation ainsi que l'utilisation savamment maîtrisée de la musique risquent de dérouter certains spectateurs. Un film comme l'Odyssée de l'espace demande un certain état d'esprit pour être apprécié. Il faut y aller à tête reposée et se laisser porter par cette épopée aussi particulière que personnelle. Une pure expérience cinématographique, tout simplement.