La théorie du Chaos est le thème récurent d'Inarritu et on retrouve là encore une histoire où 3 vies qui n'ont, a priori, rien à voir entre elles vont se télescoper au travers d'un drame. Que va t'il en ressortir ? est ce le destin ou bien avons nous notre carte à jouer ? Bla bla on connait le discours.


Le fait est que cet essai là est en fait assez pauvre tant les enjeux et connections entres ces êtres se devinent assez vite. Sans doute conscient que son histoire n'est pas aussi forte qu'il le voudrait Inarritu disloque la narration de son film et juxtapose ensemble des blocs d'espace-temps qui n'aurait jamais du se croiser.
La structure du film va dans le sens de la thématique en quelque sorte. L'idée, sans doute un peu roublarde, a le mérite de fonctionner puisque cette recomposition de l'histoire est faite avec une certaine intelligence. En effet l'articulation des blocs narratifs entre eux fonctionne bien et permet même à certaines scènes, moins intéressantes dans l'absolu, d'avoir une valeur supplémentaires lorsque l'on la remet en perspective des scènes qui l'entourent.


Oui mais voilà le château de carte s'écroule au deux tiers du film lorsque l'histoire reprend un déroulement linéaire. Non content de briser l'unité narrative du film, ce choix permet de mettre le paquet sur le pathos à base de pleurs en gros plans et de longs silences inutiles. Toute l'émotion accumulée jusque là est désamorcée par la lourdeur de la mise en scène jusqu'ici sauvée par le montage astucieux.
Ce retournement ne fait que dévoiler les lacunes des personnages, à part peut être celui de Naomi Watts dont le parcours reste touchant, qui restent figés dans leurs archétypes dramatiques.
Sean Penn à d'ailleurs tendance à en faire des tonnes, rendant la chose encore plus difficile à digérer sur la longueur.


Plus malin que sincère ce film aurait mérité un scénario et des personnages plus creusés pour que ce revirement narratif ait un tout autre poids. En l'état il ne fait que dévoiler les artifices de mise en scène et nous expose ainsi le coeur d'un récit d'une banalité et d'une facilité assez confondante.

Vnr-Herzog
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le 31 déc. 2010

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