Ils sont flics, ils sont potes et ils sont...jeunes ! Tellement que le chef de la brigade les branche sur un programme d'infiltration où des flics à l'aspect juvénile sont chargés d'infiltrer les lycées pour démanteler des trafics de drogue. Eux, ce sont les héros de 21 Jump Street, voici leur histoire !
À l'origine, 21 Jump Street est une série américaine des années 1980. Succès cathodique, elle est surtout connue pour avoir révélé un certain Johnny Deep (qui fait ici un caméo mémorable, reprenant le rôle qu'il tenait dans la série). Cela fait plusieurs années qu'Hollywood cherche à adapter le feuilleton sur grand écran mais il aura fallu attendre Jonah Hill (transfuge d'Apatow) pour que la chose se concrétise de manière plutôt inattendue. Délaissant complétement le sérieux de la série, 21 Jump Street - le film penche plutôt pour la comédie d'action, tendance buddy-teen-movie, avec, il faut le dire, une bonne humeur communicative.
Premier film live de Phil Lord et Chris Miller (réalisateurs du sympatoche mais pas mémorable Tempête de boulettes géantes), 21 Jump Street semble n'être en apparence qu'un énième ersatz poussif de comédie ricaine grasse saupoudrée d'action molle. Une pâle copie de l'Arme fatale qui rejoindrait finalement et légitimement Showtime, Top cops ou RED dans les bacs de Lidl. Or, le film évite cet écueil par une rythmique et une inventivité imparable. Comprenez que si le scénario ne casse pas trois pattes à un canard dans ses enjeux, la mécanique interne de chaque scène va receler LE gag, LA réplique ou LA situation qui va relancer continuellement la machine. Constamment alimenté en petites trouvailles, 21 Jump Street carbure à l'énergie en arrivant toujours à se renouveler et à conserver précieusement des cartouches en rab.
Gardant toujours une bonne idée sous la pédale, pour l'amener correctement et au bon moment, les réalisateurs offrent ainsi un divertissement non seulement drôle (avec quelques éclairs de subversion apatowiens) mais surtout déférent envers le genre investi. En bon geek élevé au cinéma 80's, Jonah Hill, secondé du scénariste de Scott Pilgrim, connait ses classiques et les codes du genre et les investit pour mieux en jouer. Du duo improbable mais impeccablement assorti (Hill et Channing Tattum), les scénaristes tirent une situation inédite qui dépasse la simple association des contraires. Quand autrefois, les intellos étaient les pestiférés et les sportifs les stars, la transformation de la société à inverser la tendance et nos flics se retrouvent plongés dans un monde lycéen aux codes bouleversés. Belle façon de malaxer les stéréotypes de la comédie ricaine tout en ouvrant une caverne d'Ali Baba de gags et de situations hilarantes.
Mais au milieu de cette rigolade, les réalisateurs n'en oublient pas pour autant quelques scènes d'actions efficaces, non seulement ambitieuses mais également post-modernes. Sans cynisme mais avec beaucoup d'ironie, 21 Jump Street déconstruit ses scènes d'action pour mieux en montrer les grosses coutures avec de nombreux running-gags (les explosions, les glissades sur capot,...). Tout le casting semble prendre un pied monstre à être là et la séance file à toute allure sans jamais lasser.
Au final, 21 Jump Street est un peu à Hot Fuzz ce que Bienvenue à Zombieland était à Shaun of the dead, une variation ricaine beaucoup moins virtuose mais indéniablement fun et sincère. Alors certes, on trouvera toujours de quoi redire sur la finesse de certains gags et le film n'a pas d'autre prétention que celle de divertir. Mais de ce point de vue, le contrat est parfaitement rempli et 21 Jump Street s'impose comme une comédie tonique et délirante, parfaite pour entamer l'été avec un seau de pop-corn sur les genoux. Une vraie bonne surprise dont la suite est déjà annoncée pour 2014.