Etre agréablement surpris est un sentiment délicieux. Il transforme une gifle en caresse, l’aigre en sucre, le plomb en or. Au cinéma, ce sentiment est d’autant plus rare qu’il est savoureux. "21 Jump Street" est une surprise de 1h40.
Les talents de comédien de Jonah Hill ne font plus aucun doute. Les plus grands réalisateurs du monde ne s’y sont pas trompé (Tarantino, Scorsese). En revanche, on savait peu de choses sur ses capacités d’écriture, discipline qu’il a étudiée à New York. "21 Jump Street" est le premier film dont il signe le scénario, ou plutôt cosigne, avec un certain Michael Bacall. Même si l’idée originale n’est pas de lui, il en retire la substance et se l’approprie totalement. Le film est parfaitement écrit. Dialogues, humour, musiques, personnages, tout s’emboîte pour donner un tout cohérent, solide, abouti et potentiellement culte.
Les talents de comédien de Channing Tatum, quant à eux, laissaient plutôt perplexe. Une gueule et des muscles qui s’essayent au cinéma est un concept qui a provoqué de nombreuses désillusions, et son actuelle filmographie, même si elle tend à s'étoffer, ne saurait contredire ce jugement. Pourtant, lui aussi, il surprend. Son physique est indispensable à son personnage, mais il brille autrement, notamment par son autodérision. A aucun moment il ne tire la couverture à lui, bien au contraire. Son personnage serait presque l’accessoire de celui de Jonah Hill. A l’instar de Brad Pitt dans "Burn after reading", il casse l’image que l’on tente de lui coller et démontre brillamment qu’avant d’être une gueule et un corps, il est un comédien qui ne se prend pas au sérieux, qui a beaucoup d’humour et qui sait prendre du recul sur lui-même.
"22 Jump Street" sort en août prochain.