Tourné en huit jours avec des actrices grippées (!) voici là un étonnant coup de maître.
La réussite du pari intenté par le réalisateur Tsutsumi Yukihiko tient en grande partie à l'excellente performance d'actrice des (sublimes) Maho Nonami et Eiko Koike.
Seules protagonistes de ce huit-clos, elles incarnent avec talent deux personnalités très opposées, l'une rurale, effacée et moraliste ; l'autre urbaine, excentrique et hédoniste... mais toutes deux habitées par la frustration, et, chacune à leur manière, névrosées.
Du simple mépris à peine perceptible aux cris de fureur les plus hystériques, les deux belles nous offrent, en 70 minutes, un étonnamment vaste et authentique panel d'émotions.
Faisant la part belle aux plans serrés, le film de Tsutsumi Yukihiko est captivant au possible, tant il plonge le spectateur aux premières loges de ce duel, des pensées intimes des protagonistes aux moindres manifestations de leur haine ou de leur souffrance (ah, ces regards, ces regards !).
Un sentiment de tension et d'étouffement permanent, d'une efficacité redoutable, d'autant que la progression du conflit est judicieusement lente : de l'hypocrisie bien cachée par les sourires du départ à l'ultraviolence, la confrontation évolue par paliers, telle une machine infernale dont rien ne pourrait arrêter l'engrenage.
2LDK n'est pas seulement sauvage, malsain et sadique. Il est aussi habité par une étrange beauté, le charisme des actrices et leur sincérité à l'écran, l'esthétique japonisante et sensuelle, le charme du luxueux appartement, ne sont pas étrangers à cette qualité. Sans compter, évidemment, ce coté manga barré WTF dans la puissance délirante de la montée de la colère, assez jouissive. Un mélange détonnant.
Huit-Clos au pouvoir hypnotique, 2LDK est une énième preuve du génie que peut offrir le cinéma asiatique. Pari réussi pour le réalisateur, qui s'était fixé des conditions de budget et de temps de tournage relativement limitées afin de respecter les codes du "Projet Duel".