S’opposant à ce que le roi perse Xerxès (Rodrigo Santoro, qui a dû perdre un pari pour accepter d'être grimé de manière aussi ridicule) soumette la cité de Sparte sur laquelle il règne, Léonidas (Gerard Butler) décide d’affronter l’armée du tyran avec seulement 300 de ses hommes.
L’Homme a cela de fascinant qu’il est la seule créature vivant sur Terre ayant la capacité de repousser constamment ses limites toujours plus bas que ce dont on le croyait capable. Avec 300, indéniablement, l’humanité a encore franchi un cap, le film prouvant – s’il en était besoin – que la bêtise humaine est décidément illimitée. Il faut dire que Zack Snyder n’y est pas allé de main morte pour nous offrir un des spectacles les plus atroces que l’histoire du cinéma ait connu.
Il s’ingénie en effet durant presque deux heures à massacrer une page d’histoire grecque avec l’esthétique d’une publicité de parfum et la psychologie d’un pachyderme. Prenant sans recul le parti des CGI à outrance, apparemment pour être au plus proche d’une bande dessinée que je n’ose ouvrir sans frissonner, Zack Snyder manie le numérique avec une telle aisance qu’il parvient à donner l’illusion que même ses acteurs sont des personnages de synthèse. Il faut dire que le scénario n’aide pas, tant les personnages sont déconnectés de tout ce qui pourrait les rendre un tant soit peu assimilables à des êtres humains.
Le terrain de jeu sur lequel s’élance le réalisateur avec 300 ne sera donc pour lui que l’occasion de laisser libre cours à une violence débridée, bien plus grotesque que choquante, tant on s’attend au détour de chaque plan à voir apparaître un logo Giorgio Armani ou Paco Rabanne. En outre, comme Snyder prend son spectateur pour un demeuré mental, il double ses images d’une narration totalement inutile qu’on dirait tout droit sortie d’un documentaire animalier (hilarante introduction avec le loup), qui nous raconte sur un ton faussement lyrique mais vraiment affligeant ce qu’on est en train de voir à l’écran.
D'ailleurs, pour simplifier encore la tâche de son spectateur, Snyder adopte en outre un code d’un simplisme atterrant : homme difforme et répugnant = méchant, homme musclé et courageux = gentil. C’est au moins la preuve que le film ne semble guère s'adresser qu’à un public d’adolescentes pré-pubères (celles-là même qui ont du prendre leur pied devant Twilight), auxquelles seront exclusivement destinés tous ces pectoraux et abdominaux surdéveloppés sur lesquels la caméra se plaît à s’attarder. Qu’un délire aussi débilitant puisse sortir du cerveau d’un être doué de raison montre déjà combien il ne faut jamais sous-estimer l’effet de l’imbécillité sur l’esprit humain. A combien plus forte raison le succès de ce film le prouve !