Critique avec légers spoilers


J'adore Zombie.
Pourquoi Zombie?
Parce que c'est un réalisateur talentueux et parce que son style apporte une candeur pour les personnes comme la mienne à la recherche de films bien barrés. Bien que bancal, son premier long, "La maison des 1000 morts" en relecture de "Massacre à la tronçonneuse" (surtout le 2) demeurait sympathique et témoignait d'une véritable déclaration d'amour au genre. Peu reconnu pour ce qui il est réellement, c'est à dire un chef d'oeuvre, ce métrage hybride qu'était "The Devil's Rejects" frappait fort. Ensuite était venu le temps des "Halloween"; un diptyque pas tip-top, mais appréciable dans ses partis pris et ses distinctions envers l'original de Carpenter. Seule ombre au tableau: "The Lords of Salem". Une œuvre au fort potentiel gâché, limpide, narcotique, un résultat en dessous de toute attente, un Zombie à côté de la plaque. Frustrant.


Erreur de parcours.


J'attendais donc ce dernier Rob Zombie comme certains attendraient le prochain Tarantino. C'est un réalisateur que j'affectionne beaucoup comme je le disais, car chacun de ses films apporte une expérience dérangeante, malsaine, subversive à celui qui les regarde: la répulsion, le dégoût mais aussi une certaine satisfaction et fascination. Le cinéma de Zombie est un cinéma à déconseiller aux âmes sensibles non pas parce qu'il s'agit de films d'horreurs mais parce que Zombie retourne les codes comme rarement ça l'a été. Bien souvent, il fait de ses personnages principaux des rednecks dégénérés, des êtres marginaux et repoussants, ultimes représentants d'une Amérique meurtrie.


"31" ne m'a pas spécialement surpris, ni même déçu. A vrai dire, "31" a rempli son contrat puisque il a répondu à mes attentes. Après être sorti des sentiers battus avec l'insipide "The Lords Of Salem", Zombie revient à ses fondements. D'une part, c'est appréciable, de l'autre... cela manque cruellement de fraîcheur et de nouveauté. L'intrigue, qui se déroule une énième fois dans les seventies perd en pertinence car l'époque et le contexte ne sont jamais soulignés ou justifiés. Le background, quant à lui, est maigrichon. "31" assure donc le syndicat minimal. Mais en dépit de cela, qu'est ce que c'est plaisant!


Il s'agit d'un jeu de massacre tout con, se déroulant dans un entrepôt et sur douze heures de temps, opposant cinq victimes à leurs bourreaux sous l'égérie d'un maître de jeu. Ni plus ni moins. Sans être un festival de gore, certaines scènes se montrent violentes et graphiques et ont leur petit effet (par exemple la lutte dans la cage). Quelques décors sont inspirés et originaux, le jeu de lumières est joli par moments. Zombie se permet quelques excentricités bienvenues comme un "nainzi" ou encore un couloir aux allures de jambes de femme guidant les protagonistes vers un sexe féminin en guise de porte. Des scènes qui ne sont malheureusement uniquement que des prétextes à une succession de "stages" régi par un script fainéant composé de dialogues fatigants, creux, faciles et de scènes de sexe ou de vulgarité gratuite, parfois les deux en même temps.


"31" ne fournit que ce que l'on est en droit d'attendre de ce genre de productions et ne se donne pas la peine de construire une dimension réelle à ses personnages ainsi que de développer des personnalités fortes, des motivations pour les tueurs (dont leurs procédures ne sont qu'un vague mélange de ceux de "Saw" et "Hostel", et dont l'un, qui plus est, est incarné par Malcolm McDowell. Il est regrettable de ne pas voir une performance qui lui aurait rendu honneur et un jeu plus étendu pour ce magnifique acteur) et une véritable conclusion à l'histoire. (Ah, et tant qu'à revenir sur les acteurs; "31" est un film avec des clowns, alors pourquoi ne pas faire venir le génial Sid Haig?, un habitué des films du réalisateur et ami de ce dernier.)


Dans les faits, "31" n'est qu'un énième "remake" conventionnel de "Massacre à la tronçonneuse" comme en était fortement inspiré le bancal "La maison des 1000 morts" deux ans avant l'excellent "The Devil's Rejects". Le métrage se laisse suivre, a suffisamment de bagage pour pas que l'on s'ennuie, et reste convenable malgré le genre de scènes que l'on a vu dans un bon millier de films d'horreurs auparavant.


En conclusion, "31" est un long-métrage plus attractif, excitant et divertissant que "The Lords of Salem" mais qui n'assure cependant pas la continuité voire l'héritage d'un "The Devil's Rejects". Un slasher ordinaire et typique...que l'on aurait aimé voir atypique.

Créée

le 24 oct. 2016

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Quentin Dubois

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