"I'm the hero of this story, don't need to be saved."

Voilà un petit moment que je rabâche sur (500) Days Of Summer (le titre est pas vraiment traduisible, mais bien mieux en langue originale, pourquoi laisser les parenthèses dans l'adaptation française?), je me suis dit que ce serait bien que j'écrive une petite critique qui explique le comment du pourquoi j'aime ce film.

Dans la lignée des films indépendant américains, l'affiche est jaune - Si indépendant ne rime pas forcément avec stupéfiant, (500) Days Of Summer a été pour moi une agréable surprise. Le film commence par la mention "L'oeuvre qui va suivre est une fiction, toute ressemblance avec une personne vivante ou morte serait purement fortuite / Et spécialement toi, Jenny Beckman. / Sale Pute.". Un couple apparaît à l'écran et l'on voit la main de la femme posée sur celle de l'homme avec une bague de fiançailles. Et on sait déjà comment le film va finir. Enfin, cela aurait été le cas sans le narrateur en voix-off : "L'histoire qui va suivre est l'histoire d'un garçon qui rencontre une fille, mais attention, ce n'est pas une histoire d'amour".

(500) Days Of Summer n'est donc pas une histoire d'amour. C'est une comédie romantique, mais qui ne parle pas d'un happy-ending, ou du schéma classique de deux personnages qui se rencontrent et vont se prouver à un moment ou un autre qu'ils s'aiment malgré certaines de leurs différences. Et c'est ça, tout d'abord que j'aime. Plutôt qu'une bête rupture avec les codes, c'est surtout la fissure de l'illusion que vend tous les films pop-romantiques : le grand amour existe peut-être, mais il n'est pas immédiatement à portée de main, mais nous y reviendrons.

Déjà, esthétiquement, le film sait me séduire par son image légère et ses cadres resserrés, laissant se développer un monde lisse et ensoleillé, même si le film commence en Janvier. Il est également très rapidement dur de dire "Non" à une bande-son soignée (avec en tête les Smith) et le personnage de Tom, ainsi que le maigre mais attachant petit monde qui l'entoure (notamment sa sœur). C'est dans ce petit univers que débarque Summer, avec une très belle introduction en noir et blanc façon pellicule 16 mm, qui explique pourquoi tout en étant une fille comme les autres, Summer est également une personne extraordinaire. Ce passage kitsh nous plonge dans les yeux vides de Zooey Deschanel, qui ressemble à une sorte de fantôme envoûtant, sans cesse à côté de la réalité.

Summer représente un profil type établi de l'insouciance. Elle fait continuellement ce qu'elle veut et comme elle le sent. Cet esprit volatile est très bien servi par les aller-retour indiqués par des panneaux animés, au nombre d'une trentaine allant de 1 à 500, d'avant en arrière. Ce code établi n'est cependant pas rigide et permet des petits jeux internes (que je vous laisse découvrir). Au-delà du propos exact du film, on se rend compte que c'est aussi l'aveu d'une personne fan de cinéma et de ses outils, et tout particulièrement du montage. En plus de cela, le film rend hommage à pléthore de film anciens (et français pour certains). Le film comprend dans sa toute première partie la scène de rupture et un Tom qui ne veut pas l'oublier, mais la récupérer. A ce stade précis, on sait déjà que ce ne sera pas possible puisque c'est ce qu'explicite le propos du narrateur au début du film.

Et c'est là que se situe toute l'essence du film. Pas moralisateur, (500) jours ensemble met en scène une histoire d'amour idéale qui n'en es pas une. Elle prend le point de vue de Tom qui voit l'essentiel des moments passés avec Summer avec le regard de la perfection. Les scènes sont coupées afin de correspondre avec l'image idyllique du protagoniste. Comme un puzzle incomplet, ces scènes seront dévoilées d'affilées dans leur intégralité vers la fin du film. En plus de cela, le réalisateur fait recours au split-screen, mais en plus de montrer deux personnages au même moment en deux endroits différents, il propose le concept du split-screen qui met d'un coté les espérances et de l'autre la réalité. Ce passage est le climax du film, sur Hero de Regina Spektor, qui, oui, est une bonne chanson.
Le processus d'identification est assez fort; et ce, je pense, (j'espère) que l'on soit un homme ou une femme-, le retournement de situation mettant les espoirs à terre, annihilant tout les espoirs de Tom et effaçant son monde dans une jolie séquence à coup de chiffon sur de la craie.

Et après l'Eté, vient l’Automne. Car lorsque j'ai vu pour la première fois (500) Days Of Summer, la fin m'avait laissé quelque peu dubitatif, me décrochant tout de même un sourire. Tom fini par rencontrer dans la scène de fin une femme à qui il propose un verre -qu'elle finit par accepter; et elle se prénomme Autumn (Automne), après un regard caméra complice, le tableau des jours apparaît, effaçant le 500, dessinant un soleil et remettant le compteur à 1. Je m'étais dit que l'on devait en tirer que les histoires d'amours sont des cycles, comme les saisons, et qu'il faut juste laisser passer les choses. Et, après avoir revu le film, j'ai compris que ce n'était pas vraiment cela. En fait, comme je le disais plus haut, (500) Days Of Summer, contrairement à 99% des comédies romantiques, ne nous ment pas. Il ne nous raconte pas l'histoire de la rencontre et de la vie avec le grand amour dépeint par les autres films romantiques. Parce que ces derniers nous vendent que le grand amour est à portée de main, et nous présente des héros qui sont déjà passé par des Summer, mais sans le rendre assez visible. Et c'est pour ça que j'aime ce film, parce qu'il nous montre que si une histoire peut paraître formidable, cela ne veut pas pour autant dire que vous avez trouvé la bonne personne. Lorsque Tom rencontre Autumn, si des éléments subsistent de Summer en elle (notamment la phrase "C'est parce que tu n'as jamais vraiment regardé"), Atumn est un type tout autre de personne, bien plus posée et raisonnable que Summer, qui contrairement à cette dernière, ne fonce pas immédiatement sur un coup de tête et qui hésite d'abord. Autumn est, en référentiel des métaphores des saisons, celle qui conduira Tom à l'hiver de sa vie, c'est à dire à sa mort. Le film exclut le Printemps, temps de la facilité et l'initiation pour ne pas nous perdre et nous présente l’Été: le temps de la frivolité et de l'insouciance que représentait Summer. CQFED (Ce qu'il faut essayer de démontrer). Voilà pourquoi j'aime tant ce film, et aussi parce que Josheph Gordon-Levitt chante trop bien Here Comes Your Man des Pixies.
Theo_Atm
9
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Créée

le 3 mars 2014

Critique lue 1.1K fois

4 j'aime

Théo Altman

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