Katharine Isabelle est une actrice monumentale. Une révélation à laquelle nous avons été confrontés avec le sublime Ginger Snaps, bobine qui se classe aisément parmi les cinq meilleurs films de loups-garous. Malheureusement, son talent et son charme ne lui ont toujours pas permis d’atteindre les hautes sphères, celle-ci étant coincée dans la case horreur/gore, dont il est toujours difficile de s’extirper, il suffit de voir le parcours de Jamie Lee Curtis pour s’en rendre compte. En l’état elle n’est qu’une roue de secours sur laquelle ont tendance à se reposer certains films à la qualité douteuse (13 Eerie, par exemple), et ce 88 n’est pas là pour déroger à la règle. Pire, il est si mauvais qu’il tente même une seconde cartouche, Christopher Lloyd, qui se fait tellement chier qu’il ne cabotine pas, ce qui doit bien être la première fois de sa vie (à noter aussi la présence de Michael Ironside, hélas présent à l’écran que bien trop peu de temps).
Dès le début le métrage est idiot et prévisible, une femme se réveille, amnésique, puis elle rencontre un type qui lui révèle que son grand amour a été assassiné et qu’avant de perdre la mémoire elle avait prévu de se venger. On assiste donc à un spectacle linéaire, jonché de gunfights ridicules, de dialogues insipides et d’éclairages foireux, curieusement entrecoupés de flashbacks à la l’imagerie plutôt bonne, bien qu’un peu trop instagram-style par moment.
La réalisatrice April Mullen nous avait offert un zombie-movie familial sympathique avec Dead Before Dawn 3D, néanmoins on sent qu’elle veut passer à une étape supérieure, plus violente et crue, hélas elle se retrouve perdue avec un scénario usé au possible (le scénariste Tim Doiron n’a fait que reprendre les grandes lignes de Memento) et laisse tout reposer sur les épaules de Katharine Isabelle, toujours aussi professionnelle et venant sauver l’ensemble du zéro pointé.
88 est un métrage ennuyeux dont la finalité est prévisible dès les premières minutes, rendant l’ensemble poussif, et dont les quelques pauvres scènes d’action, certes sanglantes, ne suscitent que peu d’intérêt. Pour du vrai bon Katharine Isabelle rabattez-vous plutôt sur American Mary.