A.C.A.B : All Cops are Bastards par Hugo Harnois
Qui sont ces gens derrière leurs boucliers ? Ces hommes se servant de leurs matraques pour stopper une manifestation, ou empêcher un groupe de s'exprimer ? All Cops are Bastards s'aventure en terrain hostile pour nous donner une vision de l'intérieur, inédite et dérangeante, où l'on accompagne quatre CRS dans leur quotidien.
Pour son premier film, Sollima prend le parti pris du rythme avec une caméra en mouvement, suivant ces corps à la fois perdus et agressifs dans une foule toujours plus menaçante. Le choix d'une super musique (White Stripes, Kasabian, Pixies) donne à l'ambiance un ton brut, nerveux et jouissif qui se mêle parfaitement à l'état d'esprit de ces personnages.
Parlons justement de ces derniers : Quelles sont leurs réelles motivations pour exercer cette profession ? Aiment-ils la violence ou sont-ils vraiment patriotiques ? À l'image du contexte politique du pays et de l'immigration, la situation est complexe. Sollima nous présente une société divisée en clans, avec des flics qui finissent par perdre leurs valeurs à cause du manque de reconnaissance qu'ils subissent.
La brochette d'acteurs convaincante permet au film de surfer sur une note juste et réaliste. Le jeu des miroirs explique par ailleurs judicieusement la double psychologie de ces « cops ». Le premier visage est celui d'un homme ayant des responsabilités et une certaine estime de lui-même. Mais le second montre une personne fatiguée et haineuse qui est peu à peu bouffée par cette violence omniprésente.
C'est donc une entrée réussie pour le réalisateur italien qui aura eu l'audace de s'intéresser à un sujet houleux et délicat tout sauf facile à traiter. A.C.A.B. n'est pas seulement violent, il est aussi prenant et intelligent, et c'est ce qui fait la différence.