Avatararement vu ça au cinéma. Enfin, c’est mon na’vis.

Avatar. Une de mes plus grosses claques au ciné et un film faisant partie de mon Top 10. Il mérite bien que j’écrive quelques lignes à son sujet. Quelques spoilers vont parsemer cette critique de-ci, de-là mais je me dis que plus de 4 ans après sa sortie au cinéma, le film a été vu par le plus grand nombre. En tout cas, il était temps que je couche sur le papier mon ressenti sur cette œuvre monumentale. Mais mieux vaut (ava)tard que jamais.


Avatar, c’est le plus grand succès de l’histoire du cinéma hors-inflation, qui a fait de James Cameron le roi du box-office pour la seconde fois (avant de tout faire exploser de nouveau avec les volets 2, 3 et 4 ?) sans que son film ne soit une suite ou une adaptation.
7ème plus grand succès au box-office français.
Une technologie et un langage spécialement développés pour les besoins du film.
La démocratisation de la 3D au cinéma.
Des effets spéciaux jamais vus auparavant que ce soit au niveau de l’univers détaillé de Pandora ou bien de l’animation faciale des Na’vis.
Bref, Avatar est devenu un incontournable du 7ème Art. Ce qui lui a valu son lot de fans conquis mais aussi de spectateurs gouailleurs.



Bref, Avatar est devenu un incontournable du 7ème Art.



Il a par exemple été reproché à l’histoire d’être simple et convenue. Soit. Mais est-ce pour autant mauvais ou désagréable à suivre ? Non. Des films comme Douze hommes en colère, Heat, Star Wars, Elephant, La Passion du Christ, L’Impasse, les James Bond, Le Seigneur des Anneaux, la majorité des films d’horreur et des comédies romantiques ont une issue et parfois un déroulement qui restent assez prévisibles. On se doute de la manière dont ils vont finir mais pour autant, ils sont plaisants à suivre.
En plus de son supposé simplisme, l’histoire ne fait pour certains que reprendre celle d’autres films déjà sortis. Je n’y vois pour ma part aucun mal à s’inspirer d’histoires déjà existantes si c’est pour proposer un résultat différent. Même si l'idée de départ et certains personnages du dessin-animé Pocahontas sont semblables à ceux du Nouveau Monde de Terrence Mallick ou à Avatar, ces trois films sont-ils comparables pour autant? Ils n’ont juste strictement rien à voir dans le traitement et ne proposent pas du tout le même spectacle. Cet argument de «Avatar = Pocahontas chez les Schtroumpfs» tient d’autant moins que les films 100% originaux et se détachant totalement de ce qui a été proposé auparavant ne sont pas légion.
De la même manière, le manichéisme du film a souvent été décrié. Pourtant, plusieurs des films précédemment cités ont des méchants et des gentils clairement identifiés et ça ne pose de problème pour autant.
Bref, tout ça pour dire que le film a entraîné un énorme flot des critiques au fondement inversement proportionnel au succès qu’il a rencontré.



Le film a entraîné un énorme flot des critiques au fondement inversement proportionnel au succès qu’il a rencontré.



Pour ma part, cette aventure qu’est Avatar m’a profondément touché avec ses thèmes universels, m’a bouleversé à travers plus d’une scène (notamment lors de l’attaque sur le Home-Tree, moment tout bonnement déchirant), m’a scotché à mon siège durant l’immense et intense bataille finale. Les 2h40 filent à toute vitesse tant la construction de l’histoire est un modèle de fluidité avec un rythme qui ne faiblit jamais. Ce film m’a tout simplement fait vibrer et m’a emporté comme peu d’autres films ont su le faire.



Avatar m’a profondément touché, m’a tout simplement fait vibrer et m’a emporté comme peu d’autres films ont su le faire.



Pour les rares personnes qui ne connaîtraient pas histoire du dernier film de James Cameron, son personnage principal est Jake Sully, un ancien marine qui a perdu l’usage de ses jambes. Il est recruté pour se rendre sur Pandora, une planète très éloignée de la Terre où un grand groupe industriel exploite un minerai rarissime pouvant résoudre la crise énergétique sur Terre.
Afin d’évoluer sur cette planète, le Programme Avatar a été développé. Il permet à des humains de lier leur esprit à un avatar, un corps biologique de Na’vi commandé à distance, capable de survivre dans l’atmosphère de Pandora.
En tant qu’avatar, Jake va devoir s’infiltrer au sein de la tribu des Na’vis, qui s’opposent à l’exploitation du précieux minerai.


J’ai vite était pris d’empathie pour ce personnage, brut de décoffrage qui dit ce qu’il pense en ne manquant pas d’ironie (« Vous avez des connaissances en biologie ? » « J’ai découpé une grenouille en cours. »). Son handicap ne sera pas source de misérabilisme mais permettra de mieux comprendre pourquoi il se plaît d’autant plus à se perdre dans le monde de Pandora aux commandes de son avatar et finira pas s’attacher profondément au peuple des Na’vis. Sam Worthington se glisse à merveille dans le rôle de Sully. Il devait être tenu à la base par Matt Damon. Qui finira par retrouver l’univers de la Science-Fiction avec Elysium, film se déroulant la même année qu’Avatar, en 2154. La boucle est bouclée.
Notre héros va croiser la route du Colonel Quaritch. Un personnage aussi froid et solide que la fonte qu’il soulève lors de sa première conversation avec Jake. Certains ont accusé ce personnage d’être caricatural. Il ne respire en effet ni la subtilité, ni la demi-mesure mais je trouve qu’il campe parfaitement le militaire indécrottable, déterminé et combatif. Un bon vieux de la vieille (il cite Le Magicien d’Oz pour sa première réplique) bien bad ass prêt à en découdre et à écraser le premier qui ose se mettre sur son chemin.
Mais au rayon des personnages, on ne trouve pas que des hommes. Les femmes fortes ont toujours fait partie des films de James Cameron et sont même devenus des icônes du cinéma (Sarah Connor, Ellen Ripley ou Rose DeWitt Bukater). La règle est ici respectée. Après le Terminator et la Reine Alien, le bad-guy de l’histoire sera d’ailleurs encore achevé par une femme : Neytiri. Cameron en profite pour retrouver Sigourney Weaver après leur collaboration sur Aliens, le retour. Le tableau féminin est complété par Michelle Rodriguez qui finira comme une merguez (normal, c’est une tête brûlée).



Les femmes fortes ont toujours fait partie des films de James Cameron et la règle est ici respectée.



En dehors de ses personnages bien construits et de leur interactions bien amenées (l’histoire d’amour entre deux êtres de pixels réussi l’exploit d’être crédible et prenante), ce qui fait d’Avatar une si grande réussite, c’est notamment sa capacité à créer et faire vivre un monde peuplé de créatures et de végétaux jamais vus auparavant. Un monde que l’on ne demande qu’à retrouver et continuer à explorer dans les suites à venir! Pour l’anecdote, il aura fallu 1 000 000 Go (soit un bon gros disque dur) pour créer cet univers. Alors de quoi est composée la faune d’Avatar(tare), de bœufs ? Ou bien trouve-t-on des paons dorés sur Pandora ?
Aucune de ces deux possibilités, l’univers de cette planète est bien plus riche que cela. On retrouve des mix d’animaux familiers mais dont les particularités (6 pattes au lieu de 4 par exemple) en font des êtres toutefois assez déroutants. On retrouve par exemple l’Equidius, un cheval avec une tête s’approchant de celle de l’hippocampe, le Thanator, une panthère géante ultra vive et agressive ou encore l’Ikran, le dragon domestique local qui au vu de son nom semble manquer d’humilité.
Pour le reste, c’est bien un floral florilège multicolore qui se dévoile sous nos yeux. Les féériques scènes de bioluminescence décollent la rétine et sont à tomber. De ces paysages criant de vérité (on ressent la moiteur étouffante de la jungle) et quasi photo-réaliste, on retiendra que leur beauté nette y ridiculise tout ce qui a pu être vu précédemment.
Même arrogant et méprisant, le général Quadrich fera preuve d’humilité face à l’éclat et l’immensité de cette nature qui impose le respect et est symbolisée par le Home Tree avec son éloquent « It’s a goddam tree ».


Pour donner naissance à cet univers foisonnant de Pandora, il aura fallu attendre plusieurs années. Le tournage a en effet été régulièrement repoussé depuis le milieu des années 90 pour des raisons techniques, les ambitions dépassant alors la technologie de l’époque. Les avancées en la matière (caméra 3D spécialement créées, disques durs aux capacités de stockage hallucinantes, motion capture d’une précision sidérantes notamment dans les expressions faciales, etc.) seront toutefois suffisantes au milieu des années 2000 pour que les prises débutent.



Les technologies les plus avancées ont été créées au service d’un film qui revient aux fondements même de l’humanité à travers une société primitive en communion avec la nature.



Paradoxalement, les technologies les plus avancées ont été créées au service d’un film qui revient aux fondements même de l’humanité à travers une société primitive en communion avec la nature. Un peu à la manière de Jurassic Park et ses effets spéciaux à la pointe de la technologie servant à refaire naître des créatures éteintes il y a 65 millions d’années.



Avatar offre une réflexion et une approche intéressante sur les mondes virtuels.



À propos de technologie, Avatar offre une réflexion et une approche intéressante sur les mondes virtuels (Second Life ou World of Warcraft par exemple) et la dépendance qu’ils peuvent entraîner. On le voit bien à travers Jake Sully déclarant dans l’une de ses vidéos qu’il n’arrive plus à savoir si sa vraie vie est celle en tant qu’humain ou avatar Na’vi. Cette confusion se ressent également dans l’apparence physique du héros où il délaisse totalement son enveloppe corporelle humaine. Malnutrition et manque d’hygiène (il ne prend plus de douche, ne se rase plus) sont au programme. Et même pire : ses chaussettes sont dépareillées. Un véritable laisser-aller qui pourrait rappeler l’excellent épisode de South Park sur World of Warcraft.
Là où le film est puissant, c’est que le spectateur ressent d’ailleurs cette même perte de repères. Après que l’on ait suivi les habitants de Pandora et que l’on se soit familiarisé avec leur apparence, leurs mouvements, leur langage et leur environnement pendant plus d’une demi-heure, retrouver des humains est déstabilisant. Et on a envie de retourner voir ces êtres aussi étranges que fascinants. La dépendance à ces plongées dans l’univers d’une planète à travers les yeux d’un autochtone et le manque qu’elles créent sont d’ailleurs très bien illustrés par le besoin urgent de Grace de fumer une cigarette à la seconde où elle sort de son caisson.


À travers ce monde virtuel passe également l’idée de connexion que l’on retrouve tout au long du film : entre les humains et leur avatar donc mais aussi entre les êtres vivants de Pandora (ils sont connectés à Eywa (équivalent de Gaïa) grâce à une connexion neuro-psychochimique), entre Jake et Neytiri lors de leur scène d’amour ou encore la connexion entre les Na’vis et la faune (Equidius, Banshee ou encore Thanator) mais aussi la flore (avec les branches des arbres sacrés pour communiquer avec leurs morts). À ce sujet, lorsque Jake Sully s’apprête à définitivement fusionner avec son avatar, ses derniers mots ne sont pas un adieu mais bien « Jake Sully signing off ». La déconnexion au sens littéral (de son ordinateur) mais également figuré (de son enveloppe humaine).



Cette réflexion sur la frontière entre réalité et virtualité se poursuit même au-delà du film.



Cette réflexion sur la frontière entre réalité et virtualité se poursuit même au-delà du film. L’immersion dans le dernier film de James Cameron est en effet telle qu’est apparue une nouvelle forme de nostalgie voire de dépression. Elle a été exprimée par certains spectateurs suite à leur retour à la réalité à l’issue de la projection. Il y a quelque chose d’ironique dans ce blues post-Avatar au vu de la couleur des Na’vis.
Un psychiatre a analysé ce phénomène : "La vie virtuelle n’est pas la vie réelle, mais Avatar a réussi, plus que jamais dans l’histoire, grâce aux effets spéciaux, à réduire le fossé qui les sépare. Fantasmes et réalité s’entremêlent."
En quelques sortes, certains spectateurs ont ressenti la même perte de repères qu’expérimente Jake Sully durant les connexions avec son avatar.
Ou quand la réalité rejoint la fiction.
Ce qui n’est pas très étonnant tant ce film parvient à nous immerger avec ses plans magnifiques et monumentaux, vertigineux et virevoltants. Cette immersion étant facilitée par une 3D, devenue un modèle du genre, qui avale totalement le spectateur.


Un dernier mot sur la musique. Sans être des plus mémorables, James s’en sort avec les ho(r)nneurs. Bien qu’il recycle certaines sonorités de ses précédentes collaborations avec le père Cameron, il leur insuffle un côté tribal bien plaisant collant parfaitement à l’univers. « Jake’s First Flight » illustrant plutôt bien les tonalités globales de cette bande-originale.


Avatar est un très grand film qui a marqué le paysage de la science-fiction et même le cinéma de manière générale. Cette fable universelle aux effets-spéciaux renversants est un superbe voyage complètement immersif dont on aimerait ne jamais revenir. Une prise de pied monumental.

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le 30 avr. 2014

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