Délaissant les ciseaux de son nouveau copain Johnny, Tim revient à Gotham City. Pourquoi faire me direz vous? La raison du retour de Burton est d'ordre artistique et non financier, en effet, comme Coppola en son temps avec la Paramount, Burton a su négocier cette fameuse "Totale Liberté Artistique" chère à quiconque ferait un film de studios...après que, le film divise la communauté cinéphilique par rapport au premier opus, c'est une tout autre affaire. Pourtant, force est de constater que Batman Returns est bien plus réussi que son aîné.

Tout d'abord, Prince est retourné à Minneapolis! J'entends des applaudissements endiablés avant même que quiconque n'ait pu lire cette critique! C'est donc Danny Elfman qui se charge de la Bande Originale...Seul! (Re-Appalaudissements).

Ce qui transpire le plus dans Batman Returns, c'est cette fameuse liberté du réalisateur de faire ce que bon lui semble, et en plus de ça, il bénéficie d'un sacré budget pour se laisser aller à son esprit déviant et tordu. De toutes sa filmographie, Batman Returns est un des films avec lequel Burton va le plus loin. Son Univers devient aussi Gothique que Baroque, offrant à sa Gotham City enneigée la grandeur qui lui manquait en 1989; on y retrouve le côté retro proche du film de gangsters des années 30, ainsi que la référence prononcée pour l'expressionnisme allemand mais cette fois porté à une exacerbation relevant du vice. Vice palpable dans la citation du classique de Tod Browning: Freaks.
Mais là ou la surprise reste de taille (même aujourd'hui), c'est du côté du scénario. Gardant une structure commune avec le premier opus, à savoir ce trio de personnages s'affrontant pour la même Gotham City, le script de Batman Returns parvient à ne quasiment pas citer son aîné, en plus de proposer un traitement plaçant Batman en quasi-spectateur. Là où le premier opus s'apparentait à un jeu de double personnalité, le second opus garde cet épiderme pour en faire un jeu de masque dans lequel Batman, malgré son costume, n'est qu'un prétexte à l'affrontement des autres personnages. Ainsi, l'introduction de Max Schreck (Bel Hommage), magnat industriel et politique de Gotham, permet au film un double lecture des plus intéressantes. Nous ne sommes donc presque plus face à une lutte de bien contre le mal, mais d'une quête de pouvoir dont les pièces maîtresses ne sont par forcément les personnages masqués, mais ceux dont le visage est à la portée de tous. Batman Returns est un petit chef-d'oeuvre de caractérisation. La schizophrénie reste un véhicule facile pour les personnages de Selina Kyle/Catwoman fricotant avec Bruce Wayne/Batman, mais la partie la plus intéressante est bel et bien le face à face de Max Schreck et Oswald Cobblepot/Le Pingouin. Il n'est plus question de manichéisme, mais de portraits d'une palette de protagonistes tous aussi fouillés qu'ambigus.
Ce scénario est bien sûr porté par des acteurs des plus marquants, un Danny DeVito méconnaissable seulement trahit par sa petitesse, une Michelle Pfeiffer qui trouve le rôle de sa vie et un Christopher Walken qui trouve son ultime composition intéressante. Et il est plus que délectable que de voir ces acteurs de talents se débattre dans un film à la direction artistique aussi réussie et audacieuse. Stefan Czapsky mettant en lumière les décors de Bo Welch de manière aussi splendide qu'intelligente, conférant par la même occasion une teinte bleu et blanche à un film emprunt des productions noir et blanc de l'entre deux guerres, permettant au film de ne plus souffrir de perceptibles carences photographiques très 80's du premier film.

Batman Returns est plus qu'une réussite, c'est un chef-d'oeuvre; Un film à l'ambiance des plus poignantes porté par une technique ahurissante de maîtrise, surpassant de loin son aîné de part une dramaturgie baroque accompagnée d'un chef-d'oeuvre de la Bande-Originale orchestrale. Par un symbolisme parfois biblique et des références moins ordinaires, Burton parvient à faire d'un film d'action populaire, un chef-d'oeuvre artistique du cinéma américain des années 90.
ArthurMonkeyman
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le 11 juin 2013

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ArthurMonkeyman

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