Batman v Superman, c'est le trépied amputé de deux pattes censé servir à franchir l'obstacle industriel que constitue la mise en place de l'univers étendu DC. La Justice League. La fameuse. Le Saint Graal. Point d'univers étendu, point de salut.


Contrairement à Marvel qui a construit son MCU patiemment, en pondant un film par super-héros ou presque avant de lancer son Avengers, semant - en petites touches au début puis grosses louches à la fin - les ingrédients de contexte pour l'univers de sa super équipe, DC mise tout sur son tandem phare. Batou versus le Kryptonien qui a perdu son slip dans son dernier reboot, déjà pas folichon Man of Steel. Ils vont vaguement s'affronter, pour un joli titre phare mais tout est dans le sous-texte. On est là pour poser les bases de la Justice League.


Épicétou.


Or pour faire un bon film, il faut à mon humble avis un peu plus de matière que ça.


Premier pied fauché, le scénario. L'affrontement titanesque ? Vous avez tout dans la bande annonce. A deux trois coups de pieds près. Je n'exagère pas. N'allez pas voir ce film pour l'affrontement des deux compères, il y a mensonge sur la marchandise. On a un loooong contexte. Une mise en place lente et sans aspérités pour amener le spectateur vers la baston tant attendue, mais mélangée avec des tartines de contexte pour la future Justice League. Ah ! Ne pas oublier par dessus un gros paquet de Lex Luthor insupportable en mode "ma passion, c'est d'être méchant. Parce qu'être méchant c'est ma passion¹ . Et pour meubler, je vais balancer des platitudes sur l'homme & Dieu".


Je ne vais pas m'étendre sur les absences scénaristiques (ne parlons pas de facilités. Pour qu'il y ait facilité, il faut au moins un fil à suivre²), tout le monde devine joyeusement qui est qui, Lois Lane ne sert qu'à être sauvée, etc. Et les bases pour la future Justice League... Entre les rêves de Batou qui débarquent sans raison, Wonder Woman qui débarque, rembarque, redébarque pour des raisons.... Euh.... Et... Non, je vous laisse découvrir comment sont amenés les autres. C'est. Commode on va dire.


Second pied estropié. La forme. Bon, certains diront que c'est un argument spécieux, mais quand 99% des salles projetant Batman v Superman ne sont pas compatibles IMAX, on réfléchit à faire un cadrage qui colle à peu près, juste de temps en temps. Tout est tassé, enfermé dans les plans calmes privés d'un semblant de composition & de perspectives, illisibles dans les mouvementés. Car il n'y pas que le cadrage à critiquer. Zack Snyder ne sait pas filmer une scène chorégraphiée quand il est privé de ses ralentis. C'est irregardable. A coté, les frères Russo ont fait des miracles dans Captain America : Winter Soldier.


Reste Batfleck qui fait se qu'il peut avec son script moisi (Batman est bête comme une serpillière dans ce film, un comble !), les effets spéciaux qui, mêmes mal employés, font le job. Et puis c'est à peu près tout. Enfin si, il y a malgré tout l'espoir que ça accouche d'une Justice League potable. Tant pis pour le sacrifice originel de 2h30 de pellicule nécessaire à sa naissance. Batman v Superman ne justifiera son "histoire" qu'à l'aune des suites. Mais bon, si on part avec les mêmes approches narratives, on court à la catastrophe.


¹ Oui il y a peut être - sûrement - une explication de Luthor sous influence de Darkseid, mais soit on le suggère, soit on explique autrement les motivations d'un personnage clef de l'intrigue. Là c'est en l'état incompréhensible.


² La version longue restaure grandement le film, notamment sur le plan scénaristique. Non pas que certaines facilités disparaissent (Luthor notamment), mais l'antagonisme Batman vs Superman est au moins amené, pas décrété sans raison.

Hypérion
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le 29 mars 2016

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Hypérion

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Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

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