Récompensé à la Quinzaine des Réalisateurs 2012 à Cannes ainsi qu’au Festival du Film de Locarno, on peut dire que le film Camille Redouble repose sur les épaules de Noémie Lvovsky. En effet, à la fois rôle principal, réalisatrice et scénariste, elle donne corps à de nombreux aspects du film. Alors est-ce que cette comédie est réussie ?

Je serai à deux doigts de dire non. Attention : Camille Redouble n’est pas un mauvais film mais il s’agit d’un long-métrage plus dense et plus complexe qu’il n’y paraît, et au final peut-être pas aussi amusant qu’il le semblerait à la lecture du synopsis. Sans sombrer dans la facilité de donner des leçons de vie, le retour un peu uchronique de l’héroïne dans son propre passé laisse plus souvent du terrain à l’émotion qu’à des gags liés à la différence générationnelle et le décalage entre une personnalité de 40 ans et son environnement de gamine de 16 ans.

Bien sûr, l’héroïne comme son trio d’amies (jouées de manière très pertinente) renvoient une différence entre les idéaux adolescents et la réalité d’adulte à venir qui peut s’avérer amusante, au même titre que la relation ambigüe qu’entretient ce couple voué à se déchirer sans doute une fois adulte. Néanmoins, une fois passé la nostalgie des baladeurs flashys et du Formica des intérieurs de l’époque comme l’amusement lié à certaines réactions, Camille Redouble verse très rapidement dans un mélange étrange de nostalgie, de drame et de philosophie qui pourra en décontenancer plus d’un.

L’ensemble donne à ce cinquième film de Noémie Lvovsky un ton étrange et délicat mais définitivement assez peu drôle à la sortie du visionnage. Il n’empêche que l’ensemble nage dans une fraîcheur assez palpable même si la réalisation un petit peu trop académique ne la met pas assez en valeur. On notera également que Denis Podalydès a gardé le goût du maquillage une fois encore dans ce film en professeur vieillissant après son rôle dans La Conquête où il jouait grimé Nicolas Sarkozy.

Camille Redouble fait sourire mais ne fait pas éclater de rire au même titre qu’il fait réfléchir sans être réellement prise de tête. On retiendra surtout de ce film une poésie certaine et un regard assez ambivalent sur le temps qui passe et les désillusions qu’il implique. Bref, la comédie n’est pas réussie mais le film tient bien la route néanmoins.

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Auteur : Eric
LeBlogDuCinéma
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le 13 oct. 2012

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