L'affiche est un poil racoleuse "Par le créateur de Gravity"...De loin on a presque envie de croire que c'est Aflonso Cuarón ! Mais non c'est bien Jonas ! Le "créateur" de Gravity. Les mecs avaient un argument de vente avec ce film qui était quand même suffisamment original mais non...ils te pondent un truc tout pourri. Une petite phrase bien punchy aurait eue clairement plus d'effet !
Il n'empêche que cette même affiche est très réussie : couleurs à la Mad Max : Fury Road, peu d'informations mais suffisamment pour saisir le fond. C'est le créateur de Gravity oh.


Desierto est donc réalisé par le créateur de Gravity. Et c'est génial parce qu'on s'en fout complètement parce que...bah parce que le film n'a strictement rien à voir avec Gravity. Puis créateur, réalisateur c'est pas le même job donc bon, voilà, voilà.


12 mexicains. 1 américain. 1 chien. Voilà un peu le pitch de départ (vraiment de départ hein !). Les 12 cherchent donc à passer la frontière jusqu'à ce qu'un gars décide que non, il va les shooter un par un :


Enfin plutôt 8 d'un coup ! En 20 minutes y'a plus personne. Les mecs avaient 1h20 de film, en 2 minutes, on perd 8 protagonistes...


On comprend très vite que Desierto va avant tout être un duel. Entre LA star du film, Gael García Bernal et Sam (et Tracker). Moises et son petit groupe sont alors pris en chasse par la doublette. S'en suit alors un jeu du chat et de la souris rythmé et efficace.
Et il est vrai qu'il est difficile de bouder son plaisir devant un film savamment rythmé et rodé malgré les nombreux défauts qui composent l'ensemble. On sent que c'est le créateur de Gravity et non le réalisateur qui est présent. Il y a quelques maladresses scénaristiques : le chien donne une certaine fureur à cette poursuite mais casse aussi son intérêt par le décalage flagrant entre chasseur et chassés (Non pas que je sois égalitariste, mais du coup ça casse un peu le suspense sur une partie du film). On trouve aussi quelques retournements qui sont ultra limites et qui font écho à ces mauvais twists qu'on peut trouver dans les mauvais films d'horreurs/actions.
Et finalement, quand le chien disparait, Desierto rend beaucoup mieux. Le jeu autour du "rocher" est LE moment du film : l'un monte, l'autre descend, c'est rudement bien filmé et très bien vu en terme de mise en scène. Le cadre se resserre autour de ces deux là, jusqu'à ce qu'il soit à côté. C'est vraiment une superbe scène qui vaut le détour.
Le jeu du chat et de la souris s'installe avec brio à ce moment. Et ça dénote avec les plans très larges proposés avant. Le jeu entre étendue désertique et poursuite sur des distances finalement réduites est intéressant et bien pensé.
Dommages que ce soit un peu tard que tout cela arrive. Jusqu'à cette scène, Desierto est ultra linéaire et peine à surprendre (mais n'ennuie pas). C'est à partir de là qu'on se trouve en présence d'un vrai duel et d'un vrai thriller en plein désert ! Desierto avait un noyau super intéressant mais le fruit qui l'entour n'est pas tout à fait mûre et abouti (prends ça la métaphore).


Visuellement, le créateur de Gravity, prend le pas de l'ultra réalisme. Ce désert est clair, inhospitalier, fade et terne. C'est un vrai désert. Mais j'aurais presque préféré moins de réalisme pour plus de couleur (autant reprendre Mad Max jusqu'au bout). Les deux plans d'ouvertures et de fins sont rudement bien foutus (ils sont beaux quoi !). Et la fin est intéressante (chacun se fera son idée, les pessimistes diront que non, les optimistes diront que oui...) mais ne surprend pas une nouvelle fois.


Gael Garcia Bernal est une vraie valeur ajoutée, il est charismatique et à la fois super convaincant. Jeffrey Dean Morgan je suis un peu plus sceptique. Cette espèce de type faussement torturé par un passé (avec des tatouages louches) où je ne sais quoi d'autre. C'est sympa mais c'est revu puis...il ne dégage rien de foufou bien loin de Javier Bardem chez Coen. Ce type à toute puissance sur la vie des mexicains et finalement, on a jamais l'impression qu'une puissance se dégage de lui même lors de la première exécution. Pourtant tout est mis en oeuvre pour la lui donner : il est en hauteur, il chasse, les coups de feu sont puissants, bruyants et les impacts violents, les proies paniquées et perdues mais Sam est à l'image de son prénom : banal.
En revanche ! C'est plutôt immersif (c'est ça le lien avec Gravity du coup ?) pour le coup.
Le créateur de Gravity appuie le réalisme jusqu'au bout au point de se dire que ça pourrait être (que c'est ?) une réalité.


Convaincant, efficace et immersif, Desierto se suit avec un plaisir (coupable ?). Sans vraiment surprendre, Desierto s'n sort finalement bien grâce à une ambiance sympathique, haletante et prenante. Gael Garcia Bernal donne une vraie caution d'interprétation qui s'accompagne d'une photographie au rendez-vous. Les quelques défauts en gêneront surement certains mais, il faut se rappeler que, malheureusement, ce n'était que le créateur de Gravity au commande. Et que pour lui, réaliser un long métrage de cet ampleur, c'était une première, et une première plus qu'honnête qui devrait le faire dépasser ce stade de simple "créateur de".

Halifax

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